En 2024, la loi Descrozaille avait mis un coup d’arrêt aux super promotions dans les rayons des produits d’hygiène. L’objectif était de préserver les marges des industriels, mis à mal par une guerre des prix effrénée entre les distributeurs. Mais voilà, cette mesure semble avoir eu des effets pervers pour les consommateurs. C’est en tout cas le constat dressé par deux députés qui ont déposé, ce jeudi 13 février 2025, une proposition de loi visant à revenir à l’ancien système.
Une loi aux effets contre-productifs ?
Rappelons que la loi Descrozaille, du nom de la députée LREM à son origine, avait pour but de limiter les promotions sur les produits d’hygiène à 34% maximum. Exit donc les promos à -70% sur les shampoings ou les gels douche. Une mesure saluée par les industriels à l’époque, qui dénonçaient une pression intenable sur leurs marges. Mais un an après, le bilan semble mitigé.
Selon une étude d’impact relayée par une source proche du dossier, si les industriels ont pu souffler, les consommateurs eux ont vu leur pouvoir d’achat rogné. Privés de promos alléchantes, beaucoup se sont tournés vers les marques premiers prix, au détriment de la qualité. Pire, certains auraient espacé leurs achats, avec des conséquences en termes d’hygiène.
Le retour à l’ancien système ?
Face à ce constat, deux députés, un LR et un PS, ont décidé d’agir. Leur proposition de loi, déposée ce 13 février, vise ni plus ni moins à abroger la loi Descrozaille et donc à laisser à nouveau les coudées franches aux distributeurs en termes de promotions.
Il faut rétablir le pouvoir d’achat des Français, surtout les plus modestes, sur des produits de première nécessité comme l’hygiène. La loi Descrozaille, aussi louable soit son intention, a eu l’effet inverse de celui escompté.
Un des députés à l’origine de la proposition de loi
Les deux élus espèrent un examen rapide du texte, courant mars, à l’Assemblée nationale puis au Sénat. S’il est adopté, les super promos pourraient donc faire leur retour dès cette année dans les rayons.
Des avis partagés
Du côté des industriels, la perspective de ce retour en arrière ne fait évidemment pas l’unanimité. Beaucoup craignent de revoir leurs marges à nouveau sous pression. Ils plaident pour un équilibre entre accessibilité des produits et juste rémunération de la filière.
Les associations de consommateurs en revanche saluent globalement l’initiative. Elles soulignent que l’accès à des produits d’hygiène de qualité à prix abordable est essentiel. Et que les effets indésirables de la loi Descrozaille étaient prévisibles.
L’attente des distributeurs
Quant aux distributeurs, ils attendent de voir. Si certains se frottent déjà les mains à l’idée de relancer la guerre des promos, d’autres se montrent plus prudents. Beaucoup ont profité de l’accalmie pour développer leurs marques propres et craignent que le retour des super promos ne casse cette dynamique.
Une chose est sûre en tout cas : le débat sur les promotions dans l’hygiène, et plus largement dans la grande consommation, est loin d’être clos. Entre pouvoir d’achat des consommateurs, rémunération des producteurs et marges des distributeurs, l’équation reste complexe à résoudre. La proposition de loi déposée ce 13 février ne sera sans doute pas la dernière sur le sujet.
