Un phénomène aussi surprenant qu’inquiétant prend de l’ampleur dans les déchèteries françaises. Depuis quelques années, les incinérateurs font face à une menace explosive : le gaz hilarant. Ce produit détourné de son usage initial pour ses propriétés euphorisantes se retrouve en quantités alarmantes dans les déchets ménagers, causant d’importants dégâts matériels et des surcoûts conséquents pour les collectivités.
Le Gaz Hilarant, un Fléau Difficile à Endiguer
Initialement utilisé en médecine et en cuisine, le protoxyde d’azote, aussi appelé gaz hilarant, est de plus en plus détourné par certains pour ses effets psychoactifs et euphorisants. Conditionné dans des bombonnes métalliques, il est inhalé via des ballons de baudruche. Une pratique risquée pour la santé mais surtout un véritable casse-tête pour les centres de tri des déchets.
Les bombonnes de gaz hilarant sont de plus en plus volumineuses, certaines font jusqu’à 1 mètre de haut. Cachées dans les sacs poubelles, elles sont quasiment impossibles à détecter sur les chaînes de tri.
– Un responsable de déchèterie
Des Dégâts Matériels Considérables
Non repérées lors du tri, ces bombonnes métalliques finissent immanquablement dans les incinérateurs. Au contact des hautes températures, elles explosent violemment, endommageant gravement les installations. Les fragments projetés représentent également un danger pour le personnel travaillant à proximité.
Conduites d’aération perforées, réfractaires dégradés, chaudières fissurées… Les dégâts causés par ces explosions sont considérables. Et les réparations ont un coût, estimé entre 15 et 20 millions d’euros chaque année pour l’ensemble des incinérateurs français. Chaque jour d’arrêt pour maintenance représente un manque à gagner important pour les exploitants.
Un Fléau Difficile à Endiguer
Malgré la prise de conscience des pouvoirs publics, enrayer ce phénomène est un véritable défi. Le tri des déchets en amont reste complexe vu la taille croissante des bombonnes, souvent dissimulées dans les ordures ménagères. Et malgré l’interdiction de vente aux mineurs en vigueur depuis 2021, l’accès au protoxyde d’azote reste aisé, notamment via Internet.
C’est une situation intenable. Les collectivités font face à des surcoûts importants à cause de ces incivilités. Il est urgent que chacun prenne ses responsabilités, des fabricants aux consommateurs.
– Un élu local
Une Mobilisation Nécessaire à Tous les Niveaux
Pour endiguer ce fléau, une action coordonnée s’impose. Mieux encadrer la vente et l’utilisation du protoxyde d’azote est une priorité. Mais il faut aussi responsabiliser les consommateurs sur le devenir de leurs déchets et les risques pour autrui. Un travail de sensibilisation de grande ampleur est indispensable.
Les exploitants d’incinérateurs demandent également des aides pour sécuriser et moderniser leurs installations face à ce nouveau risque. Un soutien financier des pouvoirs publics leur semble indispensable pour absorber les surcoûts liés aux réparations et mises aux normes.
Le détournement du protoxyde d’azote n’est pas qu’un problème de santé publique, c’est aussi un enjeu environnemental et économique majeur. L’explosion des bombonnes dans les incinérateurs fragilise toute la chaîne de traitement de nos déchets. Une réponse globale et déterminée s’impose pour éviter que la facture ne s’alourdisse encore pour les collectivités et les contribuables.