Imaginez un instant votre visage dans une vidéo que vous n’avez jamais tournée, vous faisant faire des gestes que vous n’avez jamais effectués. C’est le cauchemar qu’ont vécu plusieurs stars américaines cette semaine, dont les images ont été détournées dans un clip « coup de gueule » contre l’antisémitisme de Kanye West. Scandale en vue.
Des stars manipulées à leur insu pour dénoncer Kanye West
Scarlett Johansson, Natalie Portman, Lenny Kravitz… Ces célébrités et bien d’autres apparaissent dans une vidéo virale depuis quelques jours, affichant leur soutien à la communauté juive. Mais voilà, il s’agit en réalité d’un deepfake, une technique basée sur l’intelligence artificielle permettant de manipuler des vidéos existantes. Ici, les stars se voient affublées d’un t-shirt avec l’étoile de David, et font toutes un doigt d’honneur à Kanye West.
Le rappeur américain est dans la tourmente depuis plusieurs mois pour ses propos ouvertement antisémites et une fascination malsaine pour Hitler. La goutte d’eau de trop ? La mise en vente sur son site de t-shirts arborant une croix gammée le week-end dernier. De quoi déclencher cette campagne choc, rapidement devenue virale.
L’œuvre d’un entrepreneur israélien pro en IA
Derrière ce buzz mondial se cache Guy Bar, fondateur de l’agence de communication Elevaitor basée en Israël et spécialiste des technologies d’intelligence artificielle. Il revendique un acte engagé, sans but lucratif, dans le seul but de créer un « symbole de notre réponse aux antisémites ». Mais les stars concernées n’ont pas vraiment apprécié de voir leurs images utilisées de la sorte.
Je n’ai aucune tolérance pour l’antisémitisme, mais je désapprouve ces deepfakes, qui nous font perdre le contrôle sur la réalité.
– Scarlett Johansson
Aux frontières de la légalité
Si le message est louable, la méthode soulève de nombreuses questions éthiques et légales. Aux États-Unis, la réglementation sur les deepfakes reste très floue. En France, la loi impose désormais aux créateurs de préciser lorsqu’un contenu a été généré par de l’IA, ce qu’avait fait l’entreprise israélienne… avant que la vidéo ne soit massivement repartagée sans cette mention.
Au-delà du détournement d’image, cette affaire illustre les dérives potentielles de technologies de plus en plus bluffantes. Sur les réseaux sociaux, les internautes les plus crédules ont massivement relayé la vidéo en pensant qu’il s’agissait d’une véritable mobilisation des stars. Preuve que les deepfakes brouillent toujours plus les frontières entre le vrai et le faux.
La nécessité d’un cadre légal
Face à la multiplication de ce type de contenus, les législateurs du monde entier tentent de s’adapter. Mais il est difficile de trouver le bon équilibre entre liberté d’expression, droit à l’image et lutte contre la désinformation. Une chose est sûre : les stars n’ont pas fini de voir leurs visages détournés, pour le meilleur comme pour le pire. À l’avenir, il faudra redoubler de vigilance avant de croire sur parole ce genre de vidéos devenues virales.