Sous les dorures et les étoiles, l’Urssaf traque la face cachée de la restauration. Ses agents multiplient les contrôles pour débusquer les cas de travail dissimulé, une fraude qui prive les caisses publiques de précieuses cotisations sociales. Une opération coup de poing menée tambour battant dans ce secteur en tension.
Quand les inspecteurs débarquent à l’improviste
Selon une source proche du dossier, les agents de l’Urssaf n’hésitent plus à débarquer par surprise dans les restaurants, juste avant le coup de feu du service. Leur mission : s’assurer que l’établissement est en règle et que tous les employés sont bien déclarés. Gare aux resquilleurs !
Lors d’un contrôle auquel a assisté un témoin, aucune pièce d’identité n’a pu être fournie pour un commis de cuisine travaillant pourtant dans l’établissement depuis 7 mois. Payé au noir en liquide, il s’agit d’un « extra », une pratique courante mais illégale dans la restauration. Un salarié fantôme, absent de la comptabilité officielle et pour lequel aucune cotisation n’est versée.
Pour le patron pris en flagrant délit, l’addition risque d’être salée. Selon les informations recueillies, il encourt une amende de 45 000 euros et une fermeture administrative. Quant au commis non déclaré, il est prié de débarrasser le plancher sur-le-champ. Un coup dur pour ces tricheurs qui espéraient passer entre les mailles du filet.
Un enjeu de taille pour la protection sociale
En 2023, les Urssaf ont redressé pour près de 1,2 milliard d’euros de cotisations non payées, soit l’équivalent de 68 millions de consultations chez le médecin. Des sommes colossales qui échappent ainsi au financement de l’assurance maladie, des retraites et de l’assurance chômage.
Chaque euro fraudé, c’est autant de ressources en moins pour notre système de protection sociale
souligne une source à l’Urssaf
Si certains établissements recourent sciemment à ces combines pour rogner sur les charges, d’autres sont simplement pris dans la complexité administrative. Les agents savent se montrer compréhensifs et pédagogues avec les patrons de bonne foi.
La traque va s’intensifier
Mais attention, la traque du travail dissimulé va encore monter d’un cran. L’Urssaf vient de se voir assigner un objectif ambitieux : récupérer 5 milliards d’euros de cotisations éludées d’ici 2027. Pour y parvenir, les effectifs vont être renforcés avec 120 inspecteurs supplémentaires.
Avis aux tricheurs, il va devenir de plus en plus compliqué de passer entre les gouttes. L’étau se resserre sur les fraudeurs avec la ferme intention de les obliger à mettre les bouchées doubles pour rentrer dans le rang. Une purge nécessaire pour assainir le secteur et préserver notre modèle social.
Régularisation ou sanctions, il faudra choisir
Pour les restaurateurs pris la main dans le sac, deux options : la régularisation express de leurs salariés non déclarés ou de lourdes sanctions financières assorties d’une fermeture. Un dilemme cornélien qui devrait en inciter plus d’un à revoir leurs pratiques.
Car au-delà des pénalités, c’est leur réputation qui est en jeu. À l’heure des réseaux sociaux et des avis en ligne, un restaurant épinglé pour travail dissimulé risque de voir sa clientèle le bouder. Un manque à gagner qui peut rapidement devenir indigeste.
Alors que la profession peine à recruter et fidéliser ses salariés, ces coups de projecteur sur ses zones d’ombre ne sont pas du meilleur effet. Pour séduire des candidats et les garder, il faudra non seulement revoir les rémunérations mais aussi assainir les pratiques. Un vaste chantier qui démarre à peine mais promet quelques remises en question salutaires. Les inspecteurs de l’Urssaf, eux, restent sur le qui-vive, prêts à dégainer leurs contrôles. La chasse aux fraudeurs ne fait que commencer !