Un jet de grenade mercredi soir dans un bar de Grenoble a brutalement relancé le débat sur le supposé laxisme sécuritaire des maires écologistes. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau arrive sur les lieux ce vendredi pour constater les dégâts et apporter une réponse ferme du gouvernement face à cette attaque d’une rare violence.
Une attaque qui ravive les tensions
Selon une source proche de l’enquête, les assaillants ont lancé une grenade dans la devanture du bar vers 23h30, blessant légèrement plusieurs clients. Un acte qui témoigne d’une escalade inquiétante dans les violences visant les établissements de nuit grenoblois. Pour beaucoup, cet évènement cristallise les critiques récurrentes envers la gestion de la sécurité par le maire EELV Éric Piolle.
Depuis son élection en 2014, l’édile est régulièrement accusé par ses opposants de ne pas en faire assez contre la délinquance. Une posture jugée trop « laxiste » et « angélique » face aux trafics et incivilités chroniques dans certains quartiers. L’attentat de mercredi soir vient donc raviver le procès en incompétence sécuritaire intenté aux maires Verts des grandes villes.
Grenoble, une ville sous tensions
Avec sa politique volontariste en faveur de l’écologie et des mobilités douces, Éric Piolle incarne la vague verte qui a déferlé sur plusieurs métropoles lors des dernières municipales. Mais sa gestion de la sécurité publique concentre les critiques :
- Effectifs de police municipale jugés insuffisants
- Refus d’armer ses agents
- Présence policière trop discrète dans les zones sensibles
- Manque de fermeté face aux incivilités du quotidien
Pour le député LR Émilie Chalas, ancienne adjointe à la sécurité de la ville, « Le laxisme a assez duré ! Il est temps de revenir à une politique de fermeté républicaine ». Un constat partagé par de nombreux habitants excédés par la dégradation de leur cadre de vie.
Le spectre du « Grenoble bashing »
Mais pour les partisans d’Éric Piolle, ces critiques relèvent surtout d’un « Grenoble bashing » savamment orchestré par ses opposants politiques. Ils pointent des statistiques de la délinquance plutôt stables et rappellent les mesures prises par la municipalité :
- Déploiement de médiateurs dans les quartiers
- Renforcement de la prévention auprès des jeunes
- Actions en faveur de la tranquillité publique
- Coopération étroite avec la police nationale
Le camp Piolle dénonce un procès politique et met en garde contre une surenchère sécuritaire. « Céder à la panique et au tout répressif ne réglera rien, il faut une approche globale mêlant prévention, médiation et sanction » martèle l’adjoint à la sécurité.
Un test pour le ministre Retailleau
En se rendant à Grenoble au lendemain de l’attaque, Bruno Retailleau entend aussi imprimer sa marque. Fraîchement nommé Place Beauvau, le ministre de l’Intérieur veut incarner une ligne ferme sur le régalien. Une position musclée qui tranche avec celle de son prédécesseur Gérald Darmanin, jugé trop valse-hésitation sur ces enjeux.
La visite de Retailleau sera donc scrutée de près. Ses propos et décisions donneront le ton de la riposte gouvernementale face à la flambée de violences dans certaines villes. Un test grandeur nature pour le ministre qui joue gros sur ce déplacement à haute valeur symbolique.
Vers un débat national sur la sécurité ?
Au delà du cas grenoblois, c’est la politique de sécurité dans toutes les villes gérées par les écolos qui se retrouve sur la sellette. Les édiles EELV seront attendus au tournant sur leur capacité à endiguer la délinquance sans renier leurs valeurs. Un équilibre périlleux à trouver entre fermeté et prévention.
Cet énième fait divers tragique pourrait-il déclencher un débat national sur les moyens alloués à la sécurité des villes ? C’est en tout cas le vœu d’une partie de la classe politique qui milite pour une meilleure coordination entre polices nationale et municipale. Des maires de tous bords réclament aussi plus d’effectifs et de moyens pour leurs polices municipales.
Bruno Retailleau aura-t-il des annonces fortes à faire sur le sujet ? Soufflera-t-il sur les braises de la bataille idéologique entre tenants de la fermeté et partisans d’une sécurité plus citoyenne ? Une chose est sûre, la grenade de Grenoble aura fait beaucoup de bruit bien au-delà des frontières de l’Isère. Le débat sécuritaire est relancé pour de bon.