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Otages en Syrie : Un Procès pour Torture et Barbarie

Le procès de 5 djihadistes s'ouvre lundi pour la séquestration et la torture d'otages français en Syrie. Le journaliste Didier François, lui-même retenu 10 mois, a reconnu un de ses geôliers et livre un témoignage poignant sur l'enfer vécu et ses attentes pour ce procès historique qui...

C’est un procès historique et très attendu qui s’ouvre ce lundi 17 février 2025. Cinq djihadistes seront jugés pour séquestration, actes de torture et de barbarie sur des otages français en Syrie. Parmi les parties civiles, le journaliste Didier François, lui-même retenu captif pendant dix mois. Il a aidé à identifier un de ses geôliers présumés, Mehdi Nemmouche, dont il dit avoir reconnu la voix, les gestes et le visage. Dans un entretien exclusif, il livre un témoignage poignant sur l’enfer vécu et ses attentes pour ce procès si particulier.

10 mois de captivité aux mains de l’État islamique

Le 6 juin 2013, alors qu’il était en reportage au nord de la Syrie, Didier François est enlevé par des membres de l’État islamique. S’ensuivent dix mois d’un calvaire indicible, fait de privations, de menaces et de violences. « J’ai vécu l’enfer, confie-t-il, la gorge encore nouée par l’émotion. Séquestré dans des conditions inhumaines, brutalisé, torturé… Je ne souhaite ça à personne. »

Au fil des semaines, le journaliste français va côtoyer plusieurs de ses ravisseurs. Parmi eux, un djihadiste français dont il gardera particulièrement le souvenir : Mehdi Nemmouche. « Il avait un rôle important dans le groupe qui nous détenait, relate Didier François. Il participait activement à ce système de terreur et de torture qui nous était infligé au quotidien. »

Mehdi Nemmouche, un bourreau identifié

C’est justement Mehdi Nemmouche qui comparaîtra lundi devant la cour d’assises, aux côtés de quatre autres djihadistes. Son identification par Didier François a été déterminante. « Quand j’ai vu son visage dans les médias après son arrestation en 2014, ça a été un choc, raconte le journaliste. J’ai immédiatement reconnu sa voix, sa silhouette, ses gestes. C’était lui, je n’avais aucun doute. »

Pour Didier François, voir Mehdi Nemmouche dans le box des accusés aura une forte portée symbolique. « C’est important qu’il soit jugé pour ce qu’il a fait, qu’il y ait une reconnaissance judiciaire des souffrances endurées, souligne-t-il. Mehdi Nemmouche incarne le système de barbarie mis en place par l’État islamique. Il doit répondre de ses actes devant la justice. »

Un procès pour « tourner la page »

Au-delà de l’aspect pénal, ce procès revêt aussi une dimension cathartique pour l’ancien otage. « J’attends de pouvoir enfin mettre des mots sur cette épreuve, exprimer publiquement ce que j’ai vécu, confie-t-il. Être entendu et reconnu comme victime. C’est une étape indispensable pour essayer de tourner la page. »

« Je ne suis pas dans une logique de vengeance mais de vérité et de justice. J’espère que ce procès permettra de lever le voile sur le fonctionnement de cette machine de terreur et contribuera à lutter contre le terrorisme. »

Didier François, journaliste et ancien otage

Didier François sait que les audiences seront difficiles, ravivant des souvenirs douloureux. « Ce sera une épreuve de revivre tout ça, admet-il. Mais c’est un passage obligé pour avancer. Je veux affronter mes bourreaux, leur montrer qu’ils ne m’ont pas brisé, que je suis debout malgré tout ce qu’ils m’ont fait subir. »

Un procès sous haute surveillance

Compte tenu de l’importance de l’affaire et du profil des accusés, le procès se déroulera sous très haute sécurité. D’importantes mesures seront mises en place autour du palais de justice, avec notamment un périmètre de sécurité et des contrôles renforcés.

Les audiences devraient durer plusieurs semaines et s’annoncent riches en témoignages et révélations. Outre Didier François, d’autres otages et proches de victimes viendront raconter leur calvaire à la barre. Des enquêteurs et experts sont également cités comme témoins pour éclairer le fonctionnement de l’État islamique.

Un enjeu mémoriel et pédagogique

Au-delà du sort individuel des accusés, ce procès porte aussi un enjeu collectif. Il s’agit de construire une mémoire judiciaire des exactions commises par l’État islamique. « Il faut établir les faits, graver dans le marbre l’horreur et l’inhumanité de ce groupe terroriste, estime Didier François. Pour l’Histoire, pour que cela ne se reproduise plus. »

Le journaliste y voit aussi un devoir de transmission et de pédagogie envers les jeunes générations. « Il faut expliquer ce qu’a été l’État islamique, son idéologie mortifère, son entreprise criminelle, martèle-t-il. Montrer le vrai visage de ces djihadistes qui ont trahi leur pays pour semer la terreur et la désolation. »

Nul doute que ce procès très attendu sera riche en enseignements. Au-delà de l’attente légitime de justice et de réparation des victimes, il porte l’espoir d’une prise de conscience collective. Pour que plus jamais de telles atrocités ne restent impunies.

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