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Les lignes de métro et bus les plus fraudées à Paris et en petite couronne

Quelles sont les lignes de métro et bus les plus fraudées à Paris et en banlieue ? La région tire la sonnette d'alarme face à l'explosion de la fraude depuis le Covid-19 et met en place des mesures chocs pour récupérer les 700 millions d'euros de manque à gagner annuel. Découvrez le palmarès des stations les plus touchées et les nouvelles...

Qui n’a jamais été témoin d’une personne se faufilant furtivement derrière un autre usager pour passer les portiques du métro sans payer ? Ou d’un passager montant par la porte arrière d’un bus bondé sans valider son titre de transport ? Ces incivilités quotidiennes, si elles peuvent paraître anodines, représentent en réalité un véritable fléau pour les transports publics franciliens. D’après Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, la fraude dans les transports en commun atteint des sommets, avec 700 millions d’euros de perte sèche chaque année pour la collectivité.

Le Covid-19, catalyseur de la fraude dans les transports

La fraude a littéralement explosé avec la crise sanitaire, atteignant des niveaux jamais vus auparavant. Dans les bus, le taux de resquille est passé de 11% avant le Covid à plus de 15% aujourd’hui. Sur le réseau Noctilien, ces bus de nuit si précieux pour les travailleurs, c’est encore pire : plus d’un passager sur quatre (26,7%) ne paie pas son ticket ! Une situation intenable pour la région qui doit déjà composer avec une fréquentation en berne et des recettes en chute libre.

Pour Valérie Pécresse, le Covid a engendré « une espèce de tolérance » vis-à-vis des fraudeurs, notamment avec l’arrêt de la vente de tickets à bord des bus. Une brèche dans laquelle se sont engouffrés de nombreux resquilleurs, profitant du manque de contrôles. Mais face à l’ampleur du phénomène, la région a décidé de contre-attaquer.

Objectif : diviser la fraude par deux d’ici fin 2025

L’autorité régionale des transports Île-de-France Mobilités (IDFM) s’est fixé un objectif ambitieux : réduire de moitié la fraude sur son réseau d’ici la fin de l’année. Pour y parvenir, plusieurs mesures chocs ont été annoncées :

  • Des opérations de contrôle massives et ciblées sur les lignes et stations les plus fraudées
  • Le déploiement du dispositif « Stop Fraude » permettant aux contrôleurs de vérifier en direct l’identité des contrevenants
  • Un durcissement des sanctions avec une meilleure coordination pour recouvrer les amendes impayées

Nous irons là où nous repérons une fraude importante, et nous allons rester des semaines entières, du matin jusqu’au soir.

Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France

Le palmarès peu glorieux des lignes et stations les plus fraudées

Pour mieux cibler son action, IDFM a établi la liste des lignes et points noirs du réseau francilien où la fraude atteint des records. Sans surprise, ce sont les lignes de métro desservant les quartiers populaires du nord de Paris et de Seine-Saint-Denis qui trustent le haut du classement :

  • Métro ligne 4 : Château Rouge (17,3% de fraudeurs), Château d’Eau (12,9% de fraudeurs)
  • Métro ligne 12 : Aimé Césaire à Aubervilliers (16,7%), Porte de la Chapelle (15,1%), Mairie d’Aubervilliers (13%)
  • Métro ligne 13 : Basilique de Saint-Denis (12,9%)

Mais la palme revient aux lignes de bus, avec des taux de fraude dépassant les 20% sur certains trajets comme la ligne 356 entre La Courneuve et Deuil-la-Barre (63%) ou encore la ligne 42023 entre Le Coudray-Montceaux et Corbeil-Essonnes.

700 millions d’euros de manque à gagner chaque année

Ces chiffres donnent le tournis. Pour la seule année 2022, les pertes liées à la fraude sont estimées à 700 millions d’euros par IDFM. Soit le double d’il y a 10 ans ! Un manque à gagner colossal qui pèse lourdement sur les finances déjà mal en point des transports franciliens, durement touchés par la crise sanitaire et la désaffection des usagers.

Car au-delà du préjudice financier, c’est tout le modèle économique des transports publics qui est fragilisé par ce fléau. Comment maintenir des tarifs abordables et investir dans la modernisation du réseau quand une part croissante des usagers ne paie pas son dû ?

La technologie à la rescousse avec « Stop Fraude »

Pour tenter d’endiguer la fraude, IDFM mise sur les nouvelles technologies. Dès cet été, les contrôleurs seront équipés de smartphones leur permettant de vérifier en direct l’identité des contrevenants grâce au dispositif « Stop Fraude ». Cette plateforme, connectée aux fichiers des impôts, vise à faciliter le recouvrement des amendes qui restent trop souvent impayées.

Aujourd’hui, seulement 50% des PV dressés dans les transports sont effectivement payés.

Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France

Si ces mesures peuvent paraître draconiennes, elles témoignent de l’exaspération des autorités face à un phénomène devenu incontrôlable. Car au-delà des pertes financières, c’est le principe même de l’accès équitable aux transports publics qui est remis en cause par une minorité de resquilleurs, au détriment de l’immense majorité des usagers honnêtes.

La lutte contre la fraude s’annonce longue et difficile, mais indispensable pour préserver ce bien commun essentiel que représente le réseau de transports franciliens. Un combat de tous les jours qui nécessitera la mobilisation de tous, autorités comme usagers, pour faire reculer les incivilités et construire une société plus respectueuse. Le défi est immense, mais il en va de notre capacité à vivre ensemble et à partager l’espace public. Un enjeu de civilisation, en somme.

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