Au cœur de l’hiver parisien, Dimitri, 28 ans, affronte les températures glaciales. Depuis 9 mois, les rues de la capitale sont devenues son foyer. Un quotidien fait de survie et d’espoir, rythmé par une quête incessante de chaleur et un combat pour se réinsérer. Son témoignage, recueilli par une source proche, nous plonge dans la réalité des sans-abri.
Une enfance difficile, une vie qui bascule
Originaire d’Angoulême, Dimitri a connu une enfance chaotique, ballotté entre foyers et familles d’accueil depuis l’âge de 11 ans. À sa majorité, il verse dans la petite délinquance avant de décider de se ranger. Avec un CAP de charcuterie en poche, il décroche un emploi dans la restauration rapide et un logement. Mais en 2024, son passé le rattrape. Identifié par ses empreintes pour un délit commis 8 ans plus tôt, il écope de 4 mois de prison. À sa sortie, plus de travail ni de toit. La rue devient son seul refuge.
700 euros d’allocations chômage pour survivre
Avec 700 euros d’allocations chômage, Dimitri s’offre quelques nuits d’hôtel en début de mois. Le reste du temps, il dort sous une tente, installée place du Palais-Royal, face au ministère de la Culture. Pour se protéger du froid mordant, il a dû apprendre à isoler son abri de fortune :
Là, il faut que je trouve des cartons, parce qu’avec le froid, pour la toile de tente, je suis obligé en fait. C’est précieux en hiver les cartons. Ça te protège du froid.
Toutes les trois semaines, il renouvelle entièrement son isolation. Malgré cela, les nuits restent rudes. Dans sa tente, le thermomètre affiche à peine 5°C. Pour tenir, Dimitri superpose les couches : deux sacs de couchage et une épaisse couverture. Mais le froid s’insinue toujours.
Une lutte quotidienne pour trouver de la chaleur
Dès l’aube, transit de froid, Dimitri part en quête d’un peu de chaleur dans le métro ou les halles. Une douche chaude est un luxe rare, qu’il s’offre dans un centre d’accueil associatif après une longue marche et une attente glaciale à l’extérieur. Pour un café ou un repas au chaud, même combat. Direction le réfectoire d’une bibliothèque à l’autre bout de Paris, géré par une association caritative.
Ses journées sont rythmées par ces trajets épuisants, entrecoupés de pauses pour faire la manche ou recharger son téléphone, son seul lien avec la société. Quand les températures deviennent polaires, certains sans-abri se retrouvent totalement démunis, dépouillés de leurs maigres possessions lors d’évacuations par les services d’hygiène. Un constat alarmant pour les bénévoles d’Utopia 56 :
On est complètement dépassés par l’ampleur des besoins. La plupart sont étrangers, parfois en situation irrégulière. Ils dorment à même le sol, sans tente ni couverture. Comment survivre par ce froid ?
L’espoir d’une réinsertion par l’emploi
Malgré les difficultés, Dimitri n’a pas perdu espoir. Avec 7 ans d’expérience en restauration rapide, il multiplie les candidatures, bien décidé à retrouver un emploi et un logement :
Ma seule porte de sortie, c’est le travail. Attendre des années pour un logement social, c’est trop long. Avec un boulot, dans 3 mois je peux avoir un toit.
Un espoir qu’il garde chevillé au corps, malgré les échecs et la rue qui use. Car comme 735 autres sans-abri l’an dernier, Dimitri pourrait y laisser la vie. En attendant une réponse positive à ses CV, il devra finir l’hiver dehors, dans le froid et la solitude des rues parisiennes. Un combat de chaque instant pour préserver sa dignité et sa santé, en espérant des jours meilleurs.