Feux rouges grillés en permanence, chaussées devenues trottoirs pour cyclistes pressés, temps de trajets triplés, klaxons désespérés, nids de poule partout… Ce cauchemar éveillé auquel 2 millions de Parisiens font face chaque jour semble sans fin. Depuis plusieurs mois, la capitale française s’enlise dans un chaos urbain d’une ampleur inédite. En cause : les gigantesques travaux de voirie lancés tambour battant par la mairie en vue des Jeux Olympiques 2024. De quoi pousser une population exaspérée dans ses derniers retranchements.
Des chantiers titanesques qui asphyxient Paris
Pour faire briller Paris aux yeux du monde entier pendant les JO, Anne Hidalgo a vu les choses en (très) grand. Plusieurs milliards d’euros sont engloutis dans des travaux d’aménagement urbain aux quatre coins de la ville. Son objectif affiché : transformer la capitale en paradis des mobilités douces, quitte à rogner au maximum sur la place de la voiture.
Mais en attendant cette révolution verte, c’est un véritable enfer que vivent les Parisiens. Tous les grands axes sont en chantier simultanément, créant des embouteillages monstres. En 2023, les automobilistes auront perdu en moyenne 120 heures dans les bouchons selon le baromètre Tomtom. Un triste record national.
Pour échapper à cet immobilisme forcé, beaucoup se tournent vers les transports en commun. Mais bus et métros croulent sous l’affluence aux heures de pointe, au point d’en devenir invivables. Il y a bien les vélos, alternative reine promue par la mairie. Sauf que les pistes en site propre ont été installées au détriment des autres usagers, aggravant la congestion. Et la sécurité est loin d’être au rendez-vous…
L’anarchie règne sur les routes parisiennes
Chaque déplacement tient désormais de la gageure, tant la circulation est devenue erratique et dangereuse à Paris. Pour se faufiler dans le dédale de voies rétrécies, les cyclistes pressés n’hésitent plus à enfreindre allègrement le Code de la route. Feux rouges ignorés, trottoirs transformés en pistes, remontées de files en sens inverse… Tous les excès semblent permis sur deux roues. Un phénomène renforcé par le laxisme total des autorités.
La vigilance de chaque instant qu’exige désormais la vie de piéton, conducteurs de bus et taxis, automobilistes dans Paris, provoque un préjudice d’anxiété et d’angoisse.
– Cédric Dubucq et Alexandre Chevallier, avocats
Résultat : entre 2019 et 2022, le nombre de tués sur les routes parisiennes a bondi de 12%. Un bilan déjà lourd, avant même la valse des travaux actuels. Combien d’accidents évités de justesse chaque jour ? Impossible à dire, mais la peur au ventre est devenue le quotidien de ceux qui osent encore prendre le volant.
Anne Hidalgo sommée de rectifier le tir
Face à ce chaos urbain, la grogne monte. Des avocats parisiens interpellent publiquement la maire, pointant sa gestion « pharaonique » et « disproportionnée » des travaux pré-olympiques. Quitte à provoquer un « chaos » qui « paralyse le trafic» et « bouleverse la vie de la population ».
Leur mise en garde est claire : si Anne Hidalgo ne prend pas rapidement « des mesures de nature à remédier à cet état de fait détestable », elle pourrait être attaquée en justice. Plusieurs actions se profilent, dont une plainte groupée de Parisiens pour « préjudice d’anxiété ». Une première en France.
L’édile saura-t-elle entendre ce ras-le-bol avant qu’il ne se transforme en fronde ? Pressée par le compte à rebours olympique, accusée de sacrifier le présent de sa ville sur l’autel d’un futur hypothétique, elle se retrouve aujourd’hui dos au mur. Si elle veut éviter l’embrasement à un an des JO, Anne Hidalgo va devoir rectifier en urgence sa feuille de route. Et prouver que Paris peut se rêver en vert sans virer au rouge.
