Ce jeudi matin, la ville de Munich a été le théâtre d’une attaque à la voiture-bélier d’une extrême violence. Vers 10h30, un véhicule a foncé délibérément sur une foule de manifestants pacifiques, faisant pas moins de 28 blessés dont certains dans un état critique. Un acte aussitôt qualifié d' »attentat » par les autorités allemandes.
Un Afghan de 24 ans au volant du véhicule fou
Le suspect, immédiatement interpellé par la police qui a ouvert le feu pour stopper la course meurtrière de la voiture, est un jeune Afghan de 24 ans. Fait troublant, il était connu des services de police pour des délits mineurs et avait vu sa demande d’asile rejetée dès 2017, comme l’a révélé la presse allemande.
Malgré ce rejet, il vivait toujours à Munich sous le coup d’une « protection subsidiaire » qui suspendait son expulsion du territoire. Mais son profil semble s’être radicalisé récemment. Selon des sources proches de l’enquête, il aurait posté des messages à caractère islamiste sur les réseaux sociaux avant de passer à l’acte.
Un bilan très lourd qui choque l’Allemagne
Sur les lieux du drame, le spectacle était celui d’un véritable carnage. Des victimes gisaient sur la chaussée, des objets épars et même une poussette renversée témoignaient de la violence de l’impact. Au total, ce sont 28 personnes qui ont été fauchées par le véhicule lancé à pleine vitesse :
- Plusieurs blessés très graves, certains entre la vie et la mort
- Des enfants parmi les victimes percutées
- Le conducteur a « emporté une quinzaine de personnes » selon un témoin
Toute l’Allemagne est sous le choc de cet attentat qui rappelle douloureusement celui du marché de Noël de Magdebourg en décembre dernier. La violence et le caractère aveugle de cette attaque, visant des manifestants pacifiques dont des enfants, heurtent profondément l’opinion.
Une attaque en pleine campagne électorale sur fond de tensions
Le timing de cet attentat n’a rien d’anodin. Il survient en effet en pleine campagne pour les élections législatives du 23 février, déjà dominées par les questions d’immigration et d’insécurité. Un contexte explosif dans lequel l’extrême-droite pourrait enregistrer une forte poussée dans les urnes.
Les réactions politiques ne se sont d’ailleurs pas fait attendre, à commencer par celle de Björn Höcke de l’AfD qui a immédiatement appelé à voter contre « les partis du cartel », comprendre le gouvernement et les partis traditionnels. Dénonçant « la décomposition de l’État » et la présence de centaines de milliers d’Afghans en Allemagne, il entend capitaliser sur cette nouvelle attaque perpétrée par un demandeur d’asile.
Il s’agit probablement d’un attentat dans des circonstances similaires à celles de Magdebourg
Markus Söder, chef du gouvernement bavarois
Plus mesuré, le chancelier Olaf Scholz a condamné « un attentat » tandis que le dirigeant bavarois Markus Söder évoquait « probablement un attentat dans des circonstances similaires à celles de Magdebourg » en décembre 2022. Une référence à l’attaque au camion-bélier qui avait fait 6 morts à l’époque, déjà perpétrée par un demandeur d’asile.
L’Allemagne face au défi de l’intégration et de la sécurité
Cette nouvelle attaque remet en lumière le défi immense auquel est confrontée l’Allemagne en matière d’immigration et d’intégration. Le pays a accueilli ces dernières années un grand nombre de réfugiés, notamment Afghans, dont certains peinent à trouver leur place.
Entre difficultés socio-économiques, choc culturel et risque de radicalisation, la question est explosive. D’autant que les failles dans les procédures d’asile et d’expulsion sont régulièrement pointées du doigt, permettant à des individus potentiellement dangereux de se maintenir sur le territoire.
Face à ce constat, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer un durcissement des politiques migratoires et sécuritaires. Mais dans le même temps, l’Allemagne se veut une terre d’accueil et ne peut renier ses valeurs humanistes. Un dilemme illustré par le slogan de campagne des Verts : « L’Allemagne, pays d’immigration – gérée avec humanité et fermeté ».
Nul doute que le débat va s’enflammer dans la dernière ligne droite avant les élections. D’autres attaques pourraient hélas survenir, attisées par un climat de plus en plus tendu. L’Allemagne se trouve face à des choix cruciaux qui façonneront son avenir. Saura-t-elle relever le défi d’une société ouverte mais sûre ?