Le football français traverse une période agitée. Alors que les clubs professionnels font face à une crise financière sans précédent, un sujet brûlant divise les pensionnaires de Ligue 1 et Ligue 2 : l’arrivée d’un sponsor qatarien, négocié par la Ligue de Football Professionnel (LFP) en marge des droits TV. Une manne providentielle pour certains, un accord controversé pour d’autres.
20 millions d’euros qui font débat
Dans le cadre du nouveau cycle de diffusion de la L1 pour 2024-2029, la LFP a négocié avec le diffuseur beIN Sports une enveloppe de 20 millions d’euros, en échange de l’intégration d’un sponsor qatarien dans chaque club. Sur le papier, ce sont 783 000 euros promis à chacune des 40 équipes professionnelles. Une somme non négligeable en ces temps difficiles, surtout pour les plus petits budgets.
Mais voilà, l’idée de s’associer à un partenaire de l’émirat, que ce soit Qatar Tourism ou Qatar Airways, ne fait pas l’unanimité. Selon des sources proches des clubs, seuls 8 pensionnaires de L1 auraient pour l’instant répondu positivement aux sollicitations de la LFP et de l’agence mandatée par le Qatar pour cette opération.
Un montage qui pose question
Outre les réticences éthiques de certains clubs à s’afficher avec le Qatar, c’est la complexité du montage proposé qui fait grincer des dents. Beaucoup ne comprennent pas pourquoi les 20 millions sont prévus sur seulement deux saisons, alors que les droits TV courent sur cinq ans. D’autres s’interrogent sur le rôle exact de la LFP et de l’agence Pitch dans les négociations.
On n’y comprend rien. Un coup, on nous dit de voir avec la Ligue, puis avec Pitch, et aux dernières nouvelles Pitch nous dit qu’elle attend des éléments de la Ligue.
Un président de club sous couvert d’anonymat
Incompatibilités et conflits d’intérêts
Le projet achoppe aussi sur des problèmes très concrets. Certains clubs sont déjà engagés avec des partenaires concurrents du Qatar, à l’image de l’OL et son sponsor maillot Emirates, la compagnie de Dubaï. D’autres, comme l’OM, sont liés à des offices de tourisme étrangers qui rentrent en conflit avec Qatar Tourism.
Sans parler de la valorisation d’un tel partenariat. Pour les « petits » clubs, 783 000 euros représentent souvent plus que leur sponsor maillot principal. Difficile dans ces conditions de donner au Qatar la visibilité nécessaire sans déséquilibrer tous les contrats en cours. Un véritable casse-tête qui explique les réticences de beaucoup.
Des questions éthiques en toile de fond
Au-delà de ces aspects techniques et financiers, c’est la dimension éthique de ce partenariat avec le Qatar qui fait débat. En s’associant à l’émirat, mis en cause pour le non-respect des droits de l’Homme ou les conditions d’attribution de la Coupe du monde 2022, les clubs craignent de ternir leur image. Dans un football français déjà secoué par de nombreux scandales, beaucoup ne veulent pas donner l’impression de se « vendre » à n’importe quel prix.
On nous demande de faire rentrer le loup dans la bergerie, sans aucune considération pour nos valeurs et notre réputation. C’est inacceptable !
Le dirigeant d’un club historique de L1
Un révélateur des errements du foot business
Pour beaucoup d’observateurs, cette polémique autour du sponsoring qatari est symptomatique des dérives du football moderne. La quête effrénée de revenus, la dangereuse dépendance aux diffuseurs, les compromissions éthiques : autant de maux qui gangrènent le ballon rond et détournent nombre de supporters.
Reste à savoir comment les clubs français vont se positionner dans les semaines à venir. La LFP et le Qatar vont-ils revoir leur copie pour rendre le partenariat plus acceptable ? Des clubs vont-ils céder à l’appel des pétrodollars, quitte à se renier ? Une chose est sûre, ce dossier promet encore de faire couler beaucoup d’encre. Et pas que dans les colonnes des rubriques sportives…
