L’Europe traverse une période charnière de son histoire. Alors que les élections européennes approchent, les peuples du continent semblent de plus en plus mécontents du fonctionnement actuel de l’Union Européenne. Un sentiment de défiance s’installe envers une bureaucratie bruxelloise perçue comme déconnectée des réalités et des aspirations citoyennes. Face à cette crise de légitimité démocratique, une refondation de l’Europe sur des bases plus subsidiaires apparaît inéluctable.
Un centralisme bureaucratique remis en question
Depuis des décennies, la construction européenne s’est faite sur un modèle de plus en plus centralisé et technocratique. Inspirée par le jacobinisme français, l’UE a développé une administration tentaculaire qui prétend tout régenter depuis Bruxelles, des normes des produits aux politiques migratoires en passant par le calibrage des fruits et légumes. Cette dérive a progressivement dépossédé les États membres et les régions de leurs compétences, éloignant les décisions du terrain.
Le malheur de l’Europe, c’est qu’elle a été construite non par les Allemands, mais par les Français. Et les Français en ont fait une copie de la France : une administration centralisée, où toute décision part du sommet.
– Chantal Delsol, philosophe
Ce modèle bureaucratique suscite une incompréhension et une colère croissantes chez les citoyens européens. Ils ont le sentiment que leur destin est scellé par des technocrates non élus et non responsables, dans une opacité qui confine au déni de démocratie. Loin de se rapprocher des peuples, l’Europe donne l’impression de les infantiliser et de décider à leur place ce qui est bon pour eux.
Le principe de subsidiarité comme antidote
Pour sortir de cette impasse, beaucoup appellent à un sursaut démocratique fondé sur le principe de subsidiarité. Il s’agit de laisser à chaque échelon (local, régional, national, européen) les compétences qu’il est le mieux à même d’exercer au plus près des réalités et des aspirations des citoyens. L’Europe devrait ainsi se concentrer sur quelques missions régaliennes essentielles comme la défense, la diplomatie ou le marché unique.
- Les politiques de proximité seraient gérées au niveau local ou régional
- Les États conserveraient leurs prérogatives sur les sujets de souveraineté nationale
- L’UE se limiterait à quelques compétences mutualisées d’intérêt général
Ce rééquilibrage des pouvoirs permettrait de réconcilier l’Europe avec ses peuples en redonnant du sens au projet européen. Plutôt qu’une uniformisation forcée, il s’agirait de faire vivre l’unité dans la diversité, en respectant les identités et les choix démocratiques de chacun. Une Europe à géométrie variable, plus souple et plus à l’écoute, pourrait ainsi voir le jour.
Les élections européennes comme moment de vérité
Dans ce contexte, les prochaines élections au Parlement européen constituent un enjeu majeur pour l’avenir du continent. Les citoyens auront l’occasion d’envoyer un message clair à leurs dirigeants sur l’Europe qu’ils souhaitent. Ceux qui prônent un maintien du statu quo bureaucratique risquent d’être sévèrement sanctionnés, au profit des partisans d’une refondation démocratique et subsidiaire.
Mais cette aspiration au changement ne doit pas être confondue avec un rejet de l’idéal européen. Au contraire, c’est en retrouvant ses racines humanistes et en se rapprochant des peuples que l’Europe pourra redonner un sens à son existence. Il est temps que Bruxelles cesse de considérer les Européens comme des “ramassis de crétins” et les traite enfin comme des citoyens majeurs et responsables.
L’Europe politique doit cesser de considérer les peuples comme des ramassis de crétins.
– Chantal Delsol
Ces élections seront donc le moment de vérité pour le projet européen. Soit il continue sur sa lancée technocratique en s’aliénant toujours plus les peuples, soit il saisit l’occasion de ce scrutin pour entamer sa mue démocratique. L’avenir de notre continent se joue probablement dans les urnes le 26 mai prochain. Aux Européens de reprendre leur destin en main !