Le témoignage est aussi poignant que révoltant. Catherine Gueremy, professeure de français dans un collège, a vécu l’impensable il y a près de deux ans : un adolescent l’a menacée de mort à la sortie de l’établissement. Son tort ? Avoir voulu tenir sa classe face à des élèves perturbateurs. Une situation malheureusement loin d’être isolée, symptomatique d’un mal qui ronge l’Éducation nationale : les violences scolaires.
« T’es morte si tu continues » : des mots qui glacent le sang
Fin février 2023, Catherine Gueremy quitte son collège après une journée de cours. C’est là qu’un jeune homme de 16-17 ans, qu’elle ne connaît pas, l’interpelle sur le parking. « Il s’est avancé en faisant un geste et en disant ‘nique ta mère, t’es morte si tu continues' », relate-t-elle, encore marquée. Choquée, elle porte plainte le lendemain. L’enquête révélera qu’un de ses élèves de 4ème, avec qui elle était en conflit, avait mandaté cet adolescent pour l’intimider.
Je repensais à ce qui s’était passé pour Samuel Paty, Dominique Bernard… J’avais très peur chaque fois que j’entrais dans le parking.
Catherine Gueremy, professeure de français
Ces menaces font suite aux réprimandes de l’enseignante envers un groupe d’élèves perturbateurs. « Il y avait des interruptions de cours, des bruits. Et moi je tenais bon », confie-t-elle. Catherine Gueremy dit avoir été menacée de mort pour avoir simplement voulu faire son travail.
Des collégiens témoignent d’une violence banalisée
Sous couvert d’anonymat, des élèves de l’établissement confirment cette violence devenue fréquente, surtout envers les nouveaux professeurs. « Ces élèves font n’importe quoi, ils perturbent les cours, crient et se déplacent. Comme les profs ne les connaissent pas trop, ce sont plus eux les victimes », raconte l’un d’eux. Un constat alarmant sur le climat dans certains collèges.
Des élèves « qui ont de moins en moins de limites »
Pour Hervé Réby, président académique du SNALC, syndicat enseignant, le problème est profond : « On accueille des élèves qui ont de moins en moins de limites, des enfants tyrans qui prennent le dessus sur les parents et donc sur les professeurs. » Un manque de cadre propice aux débordements en classe.
Une mesure disciplinaire jugée trop légère
Suite à cet incident, l’élève à l’origine des menaces a écopé d’une exclusion d’une semaine. Une sanction qui apparaît bien légère au vu de la gravité des faits. Catherine Gueremy a quant à elle été mutée temporairement, avant de demander sans succès un transfert définitif. Le rectorat affirme lui avoir fait plusieurs propositions qu’elle aurait déclinées.
Un mal plus profond
Au-delà de ce cas individuel, c’est un véritable fléau que les chiffres révèlent. Chaque année, 12% des personnels de l’Éducation nationale déclarent être victimes de menaces ou d’insultes, soit deux fois plus que la moyenne des autres professions. Et ces statistiques officielles seraient en-deçà de la réalité. Face à ce constat, Catherine Gueremy confie amèrement avoir « beaucoup aimé » son métier d’enseignante, qu’elle semble prête à quitter.
Son histoire met en lumière une crise profonde qui mine l’École de la République. Entre des élèves de plus en plus irrespectueux et des réponses disciplinaires parfois trop timorées, les professeurs se retrouvent en première ligne. Combien d’autres Catherine Gueremy devront témoigner pour que des mesures fortes soient prises ? Il y a urgence à restaurer l’autorité des enseignants et la sérénité dans les classes. C’est tout l’avenir de notre jeunesse qui se joue.