Une femme de 40 ans a été victime d’un viol collectif par plusieurs hommes, présumés d’origine soudanaise, le 24 septembre 2022 au petit matin dans le quartier de l’Île de Nantes. Cet acte odieux a suscité une vive émotion dans la ville et au-delà, ravivant les débats sur l’insécurité et la crise migratoire. Mais derrière ce drame humain, c’est aussi la récupération politique qui s’invite, menaçant d’attiser les tensions.
Un viol qui secoue Nantes
Selon les premiers éléments de l’enquête, la victime rentrait chez elle à pied après une soirée passée chez des amis, quand elle a été abordée par deux ou trois individus lui réclamant de l’argent. Face à son refus, elle a reçu un coup de poing et s’est retrouvée à terre. Les agresseurs lui ont dérobé son téléphone portable avant de la pousser dans un bosquet pour abuser d’elle.
Rapidement alertée, la police a pu interpeller trois suspects correspondant aux descriptions de la quadragénaire. Il s’agirait de ressortissants soudanais, dont deux âgés de 27 ans et un de 41 ans, tous en situation régulière sur le territoire français. Placés en garde à vue, ils font l’objet d’une enquête pour viol en réunion.
La parole de la victime pour rejeter l’amalgame
Malgré le traumatisme subi, la victime a tenu à faire entendre sa voix par le biais de son avocate, Maître Anne Bouillon. Dans un communiqué, cette dernière a indiqué que sa cliente «clame son attachement profond et indéfectible aux valeurs humanistes que sont l’accueil de celles et ceux qui cherchent refuge et l’ouverture aux autres». Elle a ajouté :
Ce qu’elle a subi et qui l’a perpétré n’y change rien. Elle rejette l’amalgame facile et erroné fait entre immigration et délinquance. Elle rappelle que les violences sexuelles et sexistes existent en tous lieux, en tous temps, en tous milieux et par des hommes de toutes origines qui partagent en commun de se sentir autorisés à agresser des femmes.
Anne Bouillon, avocate de la victime
Un message fort pour tenter de dépassionner le débat et refuser la stigmatisation de toute une communauté pour les actes de quelques individus. La jeune femme demande d’ailleurs que cesse la «récupération politicienne» de son drame.
Mais une récupération politique inévitable
Car depuis la révélation de cette affaire, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer «l’ensauvagement» de la société ou pointer du doigt la responsabilité des migrants dans la hausse de la délinquance. Des élus d’opposition et personnalités identitaires se sont emparés du sujet pour réclamer des mesures de fermeté contre l’immigration illégale.
Certains n’ont pas hésité à établir un lien direct entre ce viol et les «filières de migrants» qui généreraient «plus de 50% de la délinquance de voie publique» à Nantes, selon les déclarations de Philippe Guibert. D’autres évoquent le «choc culturel» pour tenter d’expliquer ce crime.
Des propos qui indignent les associations de soutien aux réfugiés et les défenseurs des droits humains. Pour eux, il est irresponsable et dangereux de jeter l’opprobre sur l’ensemble des étrangers présents en France en raison des agissements criminels d’une infime minorité. Ils dénoncent une forme de «racisme» et de «xénophobie» qui serait attisée à des fins politiques.
Le respect de la victime avant tout
Au cœur de cette polémique, il y a d’abord une femme meurtrie dans sa chair et son âme. Une femme qui, loin des postures et des récupérations, exprime un message d’humanité et de tolérance malgré le mal qui lui a été fait. Un message que certains tentent déjà d’étouffer pour mieux servir leur agenda idéologique.
Pourtant, au-delà des clivages et des peurs, c’est bien la parole des victimes qui devrait être écoutée en priorité. Car comme le rappelle Maître Anne Bouillon, «ce qu’elle a subi, comme tant d’autres, n’est rien de plus que de la violence exercée par des hommes sur des femmes». Une réalité glaçante qui dépasse les origines et les statuts, et qui appelle une réponse ferme mais juste de la société dans son ensemble.
Au choc de l’agression vient pour elle s’ajouter la consternation de ce que certain.e.s s’approprient les faits dont elle a été victime pour stigmatiser les migrants et les désigner comme responsables premiers de l’insécurité qui règnerait dans notre pays en général et à Nantes en particulier.
Anne Bouillon, avocate de la victime