Le retentissant piratage de l’échange crypto indien WazirX, qui a vu s’envoler 230 millions de dollars en juillet 2024, continue de faire des vagues. Les acrédités de la plateforme se trouvent désormais face à un dilemme cornélien : accepter le nouveau plan de restructuration qui leur permettrait de récupérer une partie de leurs fonds dès avril 2025, ou attendre 2030 dans l’espoir d’un remboursement plus conséquent. Le sort de leurs cryptomonnaies volées se jouera lors d’un vote crucial dans les prochaines semaines.
Un plan en deux temps qui divise
Selon les informations communiquées par WazirX, si le plan de restructuration est approuvé par plus de 75% des acrédités en valeur, les remboursements pourraient débuter dès avril 2025 :
- Reprise des opérations de trading
- Paiements initiaux dans les 10 jours ouvrés
- Distribution des actifs liquides nets
- Lancement d’un échange décentralisé (DEX)
- Émission de tokens de recouvrement échangeables
- Rachat périodique des tokens via les profits de la plateforme
Mais en cas de rejet du plan, le processus s’orienterait vers une liquidation selon la loi singapourienne sur les sociétés. Un scénario potentiellement moins favorable pour les acrédités, avec des délais allongés et une décote des actifs, a averti WazirX.
Les espoirs de recouvrement s’amenuisent
Il faut dire que le groupe de hackers nord-coréens Lazarus, auteur présumé de l’attaque, n’a pas facilité la tâche. D’après des sources proches du dossier, les fonds dérobés auraient été blanchis via de multiples adresses et protocoles comme Tornado Cash, brouillant les pistes d’une récupération complète.
Malgré les efforts déployés, WazirX, fragilisé financièrement et en termes d’image, n’est parvenu à récupérer qu’une portion des cryptos volées. La plateforme a d’ailleurs essuyé de vives critiques pour sa gestion de crise, notamment sur sa communication et ses procédures de recouvrement des fonds.
Sursis singapourien et dilemme des acrédités
Face au spectre d’une liquidation totale, WazirX a obtenu en janvier un feu vert judiciaire à Singapour pour son plan de restructuration. Une bouée de sauvetage qui place désormais les acrédités face à un choix délicat : un renflouement rapide mais partiel, ou une attente prolongée avec l’espoir de récupérer davantage.
Aux dires d’un acrédité souhaitant rester anonyme, beaucoup seraient prêts à approuver le plan, lassés par des mois d’incertitude. D’autres envisagent un recours en justice pour obtenir un dédommagement plus élevé. Mais pour certains observateurs, vu l’ampleur du piratage et la difficulté à tracer les fonds, le plan proposé serait un moindre mal.
L’avenir de WazirX en jeu
Au-delà du sort des acrédités, c’est la survie même de WazirX qui se joue. Autrefois leader incontestédes échanges cryptos en Inde, la plateforme a vu sa position s’éroder. Concurrents opportunistes et régulateurs méfiants guettent désormais le verdict des urnes numériques.
Pour l’écosystème crypto indien, le piratage de WazirX a sonné comme un électrochoc, accélérant la réflexion sur la sécurité et la protection des investisseurs. Reste à savoir si le plan de remboursement, quelle que soit son issue, suffira à restaurer la confiance. Face à ce nouveau défi pour la finance décentralisée, les regards sont braqués sur le choix que s’apprêtent à faire les acrédités de WazirX, arbitres malgré eux de l’avenir de la plateforme.
