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Alerte à la contamination : nos rivières et lacs en danger critique

Un rapport alarmant de la Commission européenne révèle une contamination massive des eaux de surface par le mercure et d'autres polluants toxiques. Les conséquences sont lourdes pour la biodiversité aquatique et potentiellement la santé humaine. Quelles solutions pour enrayer cette pollution invisible ?

Imaginez plonger dans une rivière aux eaux cristallines, entourée d’une nature luxuriante. Un instant de sérénité brisé par une réalité alarmante : plus de 60% des eaux de surface européennes sont dans un état écologique et chimique préoccupant. C’est le sombre constat dressé par un récent rapport de la Commission européenne, pointant du doigt une contamination généralisée, notamment par le très toxique mercure. Plongée dans les eaux troubles de cette crise sanitaire et environnementale.

Le mercure, poison des écosystèmes aquatiques

Premier responsable de cette situation critique selon le rapport : le mercure. Ce métal lourd particulièrement nocif s’accumule dans les sédiments et contamine toute la chaîne alimentaire aquatique. Poissons, crustacés, oiseaux… aucune espèce n’est épargnée. Les répercussions sur la biodiversité sont dramatiques.

Mais le mercure n’est pas le seul polluant en cause. Pesticides, nitrates issus de l’agriculture intensive, résidus pharmaceutiques… un véritable cocktail toxique se déverse chaque jour dans nos cours d’eau. Résultat, seulement 39,5% des eaux de surface affichent un « bon état écologique » et à peine 26,8% un « bon état chimique ». Des chiffres qui donnent le vertige.

Un constat plus nuancé pour les eaux souterraines

Le tableau est heureusement moins sombre pour les eaux souterraines, véritables châteaux d’eau de nos territoires. 86% présentent un bon état chimique en 2021 selon le rapport, contre 82,2% en 2015. Une tendance encourageante, mais qui ne doit pas masquer des problèmes persistants de pollution par les pesticides et nitrates d’origine agricole.

La France, mauvaise élève de la classe eau

Le rapport européen épingle particulièrement la France. Chez nous, près d’un tiers des eaux souterraines restent contaminées par les pesticides et nitrates. L’impact de l’agriculture intensive sur la qualité de la ressource est vivement pointé du doigt. Un constat qui a valu à la France une procédure contentieuse de la part de Bruxelles pour non-respect des directives sur l’eau potable.

L’ampleur de la contamination des eaux françaises aux pesticides et nitrates est très préoccupante. Elle met en péril les écosystèmes et la santé des citoyens. Il est urgent d’agir.

Une source proche du dossier à la Commission européenne

2027, objectif inatteignable sans inflexion majeure ?

Face à ce constat alarmant, l’Union européenne s’est fixé un cap ambitieux : le retour au bon état écologique et chimique de toutes les eaux à l’horizon 2027. Mais le rapport est sans appel. Au rythme actuel des efforts, cet objectif restera hors d’atteinte pour de nombreux États membres dont la France.

Pour inverser la tendance, Bruxelles prépare une vaste « stratégie sur la résilience de l’eau » qui sera dévoilée dans les prochains mois par la Commissaire à l’environnement Jessika Roswall. Au menu : un plan d’action contre les polluants éternels type PFAS, une révision du cadre législatif sur les substances chimiques (REACH) ou encore un coup d’accélérateur sur la restauration des écosystèmes aquatiques.

Le défi du financement

Mais atteindre le bon état des eaux a un coût. Un coût très élevé, que les budgets publics peinent à assumer seuls. À l’heure des arbitrages budgétaires compliqués, une question se pose. Qui va payer la facture de la reconquête de la qualité de nos rivières et lacs ?

Dans le domaine de l’eau et de l’environnement, nous devons être plus innovants en matière de financements. Les budgets publics ne pourront pas tout assumer.

Jessika Roswall, Commissaire européenne à l’environnement

La piste d’une contribution plus importante des pollueurs, au premier rang desquels l’industrie et l’agriculture intensive, est régulièrement évoquée. Le principe du « pollueur-payeur », socle de la politique environnementale européenne, pourrait être renforcé. Mais la bataille politique et économique s’annonce rude.

Préserver l’eau, une urgence vitale

Au-delà des enjeux écologiques, c’est bien d’une question de santé publique dont il s’agit. Plusieurs études alertent sur les impacts sanitaires à long terme d’une exposition chronique aux polluants de l’eau, même à faible dose.

  • Perturbation du système endocrinien
  • Troubles de la reproduction et du développement
  • Cancers
  • Maladies neurologiques

Autant d’effets qui pourraient exploser dans les prochaines décennies si la tendance n’est pas rapidement inversée. L’eau est notre bien commun le plus précieux. De sa qualité dépend notre santé et celle des générations futures. Il est plus que temps d’agir pour stopper l’empoisonnement à bas bruit de nos rivières, lacs et nappes phréatiques. La survie de nos écosystèmes mais aussi notre propre survie en dépend.

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