C’est une semaine décisive et périlleuse qui s’ouvre pour le gouvernement de François Bayrou. Selon des informations recueillies auprès de sources proches de Matignon, le Premier ministre s’apprêterait à dégainer l’arme constitutionnelle du 49.3 ce lundi afin de faire adopter sans vote les projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale pour 2025. Un pari risqué qui pourrait provoquer le dépôt de motions de censure menaçant la survie de l’exécutif, moins de deux mois après son investiture.
Un budget en souffrance
Depuis plusieurs semaines, les débats budgétaires achoppent à l’Assemblée nationale. Faute de majorité absolue, le gouvernement peine à faire voter ses textes financiers. La Commission mixte paritaire députés-sénateurs réunie la semaine dernière a certes abouti à un compromis, mais ce dernier ne semble pas en mesure de rassembler une majorité en l’état.
« Un pays comme le nôtre ne peut rester sans budget« , aurait justifié François Bayrou lors d’un entretien accordé à un grand hebdomadaire. Le temps presse et le spectre d’un nouveau rejet agite la Macronie.
Des concessions insuffisantes ?
Pourtant, le gouvernement pensait tenir un accord en lâchant du lest sur plusieurs points, notamment en direction des socialistes. Mais ces derniers jugent les avancées trop limitées, à l’instar des députés de La France insoumise et des écologistes qui dénoncent un budget d’austérité.
Les concessions faites ne sont qu’un trompe-l’œil. Ce budget reste profondément injuste et inefficace.
Un responsable socialiste
La tentation du 49.3
Pour sortir de l’ornière, François Bayrou serait donc déterminé à engager la responsabilité de son gouvernement via l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. Une manœuvre qui permet de faire adopter un texte sans vote, sauf à ce qu’une motion de censure soit votée par l’Assemblée. Un véritable coup de poker !
- Le 49.3 a déjà été utilisé 88 fois sous la Ve République
- Son utilisation est vue comme un aveu de faiblesse du gouvernement
Une semaine à quitte ou double
Si le Premier ministre met effectivement sa menace à exécution, il ouvre la voie à un affrontement frontal avec une partie de l’opposition. Les groupes de gauche ont d’ores et déjà prévenu qu’ils déposeraient des motions de censure, espérant faire tomber l’exécutif.
Tout dépendra alors de l’attitude des députés Les Républicains et du Rassemblement national. S’abstiendront-ils comme lors de la déclaration de politique générale ? Ou opteront-ils cette fois pour la censure ? L’incertitude est totale.
Vers une dissolution ?
Au sein de la majorité présidentielle, beaucoup regardent vers l’Élysée avec anxiété. Si son gouvernement tombe, Emmanuel Macron pourrait être tenté de dissoudre l’Assemblée nationale. Un pari très audacieux qu’il hésite encore à tenter. Selon son entourage, toutes les options seraient sur la table.
Quoi qu’il en soit, c’est une nouvelle séquence à très haut risque qui débute pour l’exécutif. François Bayrou joue très gros en cette rentrée parlementaire. Le sort de son gouvernement et des réformes économiques et sociales promises se jouera dans les prochains jours. Les débats s’annoncent inflammables et le suspense est total.