Un véritable séisme politique. Les propos du Premier ministre François Bayrou sur LCI lundi soir, évoquant un « sentiment de submersion » migratoire en France, ont fait l’effet d’une bombe dans la classe politique. Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN à l’Assemblée nationale, n’a pas tardé à réagir ce mardi avec virulence, appelant le locataire de Matignon à passer des constats aux actes.
François Bayrou lance le pavé dans la mare
Invité sur le plateau de LCI lundi, François Bayrou a créé la surprise en déclarant que la France « approche d’un sentiment de submersion » concernant l’immigration. Des mots forts de la part du chef du gouvernement, qui a cependant pris soin de les nuancer :
« Je ne dis pas que nous sommes submergés, je dis qu’il y a un sentiment de submersion qui est lié à la fois aux chiffres et au fait que l’on perd le contrôle. »
François Bayrou a toutefois reconnu une hausse sensible du nombre de titres de séjour délivrés, tout en soulignant la nécessité de maîtriser les flux migratoires. Des déclarations qui témoignent d’une inflexion notable du discours gouvernemental sur ce sujet brûlant.
Marine Le Pen exige du concret
Sans surprise, la sortie du Premier ministre a fait bondir Marine Le Pen. La patronne des députés RN a taclé François Bayrou, lui rappelant son rôle :
« Il faut que le Premier ministre soit conscient qu’il n’est ni psychiatre ni prêtre et que donc sa parole ne guérit pas. Ce que l’on attend de lui, ce sont des actes qui suivent les constats. »
Pour la cheffe de file de l’extrême droite, le gouvernement se contente pour l’instant « de beaucoup de constats et très peu d’actes » sur le front migratoire. Elle enjoint l’exécutif à passer à l’action pour juguler ce qu’elle considère comme une submersion.
L’immigration, un sujet explosif
L’échange à distance entre François Bayrou et Marine Le Pen illustre la sensibilité extrême du thème de l’immigration dans le débat public. Selon des sources proches du dossier, le nombre de premières délivrances de titres de séjour a bondi de 26,3% en 2022, franchissant la barre des 320.000.
Face à cette réalité, le gouvernement peine à trouver une ligne claire, tiraillé entre fermeté et humanité. Les propos de François Bayrou marquent une étape dans la prise de conscience de l’exécutif. Reste à savoir quelles mesures concrètes suivront pour tenter de réguler l’immigration.
Année | Titres de séjour délivrés | Évolution |
---|---|---|
2021 | 254 486 | |
2022 | 321 653 | +26,3% |
Une équation complexe pour le gouvernement
Au sein même de la majorité, les débats font rage sur la politique migratoire à adopter. Entre les partisans d’un contrôle strict des frontières et les défenseurs d’une approche plus souple, l’équilibre s’avère périlleux à trouver. L’intervention de François Bayrou, en épousant la thèse du « sentiment de submersion », risque de jeter de l’huile sur le feu.
Le gouvernement se retrouve plus que jamais sous pression pour apporter des réponses concrètes. Mais dans ce dossier sensible, où les enjeux sécuritaires, économiques et humains s’entrechoquent, définir une stratégie cohérente tiendra de la gageure. Les prochains mois s’annoncent agités sur le front migratoire, au Parlement comme dans l’opinion.
Une chose est sûre : en évoquant un « sentiment de submersion », François Bayrou a jeté un gros pavé dans la mare. Un débat s’ouvre, que Marine Le Pen et le RN ne manqueront pas d’attiser. Au gouvernement de reprendre la main, en prouvant que les actes peuvent suivre la parole. Un défi majeur pour cette deuxième partie de quinquennat.