C’est un soulagement pour beaucoup : après 24 heures de grève, la production de l’Agence France Presse reprend son cours normal. Les syndicats de l’AFP se félicitent d’avoir obtenu des « avancées » lors des négociations avec la direction, mettant ainsi fin à un mouvement social qui avait fortement perturbé le travail de l’agence. Retour sur cet épisode marquant et ses possibles conséquences pour l’avenir.
La grève à l’AFP : 24h de paralysie
Jeudi dernier, les syndicats de l’AFP ont lancé un appel à la grève pour protester contre un possible changement de statut des journalistes travaillant dans les bureaux hors de France. Cette mobilisation, très suivie, a entraîné une quasi-paralysie de la production pendant une journée entière.
Concrètement, l’AFP n’a pas pu couvrir l’actualité française ce jour-là, ratant des événements majeurs comme les cérémonies des 80 ans du Débarquement ou encore l’interview du Président Emmanuel Macron. Un manque à gagner important en termes d’image et de revenus pour l’agence.
Expatriés : un statut en question
Au cœur des revendications syndicales, on trouve la question épineuse du statut des journalistes AFP basés à l’étranger, dits « expatriés ». Actuellement, ils bénéficient de contrats de droit français, avec des avantages conséquents. Mais ce système pourrait évoluer, faisant craindre une précarisation pour les concernés.
Modifier ou réduire le nombre de statuts siège, ce n’est pas forcément réduire la mobilité.
– Philippe Onillon, directeur adjoint de l’Information à l’AFP
La direction se veut rassurante, affirmant vouloir maintenir un « réseau international fort ». Mais le flou demeure sur les pistes envisagées pour y parvenir sans dégrader les conditions de travail.
Un accord trouvé, des questions en suspens
Vendredi matin, les discussions entre direction et syndicats ont finalement abouti. La direction s’est engagée à maintenir les postes d’expatriés pendant un an et à associer les représentants du personnel aux réflexions sur l’avenir du réseau international de l’AFP.
Si ces garanties ont permis de mettre fin au conflit, elles ne règlent pas tout. De nombreux salariés restent inquiets pour la pérennité de leur statut. Et plus largement, c’est le modèle économique même de l’AFP qui est questionné.
L’AFP en quête d’un nouveau souffle
Comme beaucoup de médias, l’agence doit s’adapter à un environnement en pleine mutation. Digitalisation, concurrence des réseaux sociaux, baisse des abonnements… Les défis sont nombreux pour cette vénérable institution fondée en 1835.
- Un chiffre d’affaires en baisse depuis plusieurs années
- Des charges de personnel qui représentent 70% des coûts
- Une dépendance aux subventions de l’État qui pose question
Pour assurer son indépendance et pérenniser ses activités, l’AFP va devoir se réinventer. Cela passera inévitablement par une transformation de son organisation et de ses métiers. Un chemin semé d’embûches, comme l’a montré la grève de cette semaine.
Cette mobilisation aura eu le mérite de mettre en lumière les craintes légitimes des salariés. Charge maintenant à la direction de trouver les solutions pour construire l’AFP de demain, en associant toutes les parties prenantes. Un défi majeur pour cette institution unique au monde, garante d’une information libre et pluraliste.