Imaginez : vous avez 10 ans et ce matin, impossible d’aller à l’école. Non pas à cause d’un rhume ou d’une panne de réveil, mais parce qu’une catastrophe climatique a frappé. Votre classe est détruite, submergée ou inaccessible. Pour 1 enfant sur 7 dans le monde, ce scénario est devenu réalité en 2024. Selon l’Unicef, au moins 242 millions d’élèves ont vu leur scolarité perturbée par des chocs climatiques l’an dernier. Un impact alarmant et trop souvent négligé du réchauffement global.
Canicules, typhons, inondations : l’école à l’épreuve des extrêmes
Chaleur étouffante, pluies diluviennes, vents violents… Face aux événements météo extrêmes qui se multiplient, les enfants sont en première ligne. Leur organisme, plus vulnérable, peine à réguler sa température. Difficile dans ces conditions de se concentrer en classe, quand celle-ci n’a pas dû fermer ses portes. Car c’est bien l’éducation qui trinque lorsque survient une catastrophe.
Selon le rapport de l’Unicef, la chaleur extrême a été la principale perturbation en 2024, touchant au moins 171 millions d’écoliers. En avril, un record de 118 millions d’enfants ont subi des canicules dans des pays comme l’Inde, le Bangladesh ou les Philippines. Résultat : des milliers d’écoles non climatisées contraintes de suspendre les cours.
Mais le thermomètre n’est pas le seul ennemi. En septembre, le dévastateur typhon Yagi a mis des classes à l’arrêt dans 18 pays d’Asie. Au total, 242 millions d’enfants ont été affectés par des chocs climatiques en 2024, avec l’Asie du Sud en tête des régions touchées. Un enfant sur sept a ainsi vu sa scolarité chamboulée, de la maternelle au lycée.
Un frein durable aux apprentissages
Au-delà de l’interruption temporaire des cours, ces chocs climatiques risquent d’avoir un impact durable sur l’éducation. Lorsqu’une catastrophe détruit une école, c’est tout un pan de la vie de l’enfant qui s’écroule. Sans parler du traumatisme psychologique qui peut entraver durablement sa capacité à apprendre.
Aujourd’hui, selon les estimations, deux-tiers des enfants de 10 ans à travers le monde ne peuvent pas lire et comprendre un texte simple.
– Catherine Russell, directrice générale de l’Unicef
Une crise des apprentissages que le réchauffement menace d’aggraver. Car plus les catastrophes perdurent ou se répètent, plus le risque de décrochage scolaire s’accroît, en particulier chez les filles. Et les perspectives sont sombres : d’ici 2050, 8 fois plus d’enfants pourraient être exposés à des canicules fréquentes si rien ne change.
L’urgence d’adapter les écoles
Face à ce constat alarmant, l’Unicef appelle à placer les enfants au cœur des plans d’action climatiques. Cela passe par des investissements massifs pour rendre les infrastructures scolaires plus résilientes :
- Rénover et construire des salles de classe adaptées aux chocs
- Installer des systèmes d’alerte précoce et des abris d’urgence
- Former les enseignants à la gestion des risques
- Intégrer les enjeux climatiques dans les programmes
Car l’école a un rôle clé à jouer pour préparer les générations futures au défi climatique. Un domaine encore trop négligé selon l’Unicef, alors même que l’éducation est souvent le premier service perturbé par les catastrophes.
Il y a urgence à agir, comme l’illustre le récent cyclone Chido au Mozambique, qui a endommagé plus de 1100 salles de classe. Si rien ne change, ce sont des millions d’enfants supplémentaires qui verront leur avenir menacé par les dérèglements du climat. Un impact dévastateur qu’il est encore temps, espérons-le, d’atténuer.