C’est un soulagement pour beaucoup : après des mois de tractations houleuses, le Sénat vient enfin d’adopter en première lecture le projet de budget 2025. Un parcours semé d’embûches qui aura mis les nerfs des parlementaires à rude épreuve. Retour sur les temps forts de cet examen historique.
Un contexte politique explosif
Il faut dire que la conjoncture n’était guère favorable. Déposé en octobre 2024 par le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal, le texte a d’abord été rejeté par l’Assemblée nationale, contraignant l’exécutif à dégainer le 49.3. Une décision qui a précipité la chute du premier ministre Michel Barnier début décembre.
François Bayrou, son successeur, a hérité d’un budget déjà bien malmené. Contraint de composer avec des oppositions remontées et une majorité relative, il a dû revoir sa copie, non sans mal. « Nous avons vécu les quatre saisons du budget », résume un sénateur proche du dossier.
Le Sénat, îlot de stabilité ?
Dans cette tempête, beaucoup ont vu le Sénat comme un îlot de stabilité. Forte d’une majorité de droite prête à soutenir le gouvernement, la chambre haute a pu se pencher sereinement sur le texte. Enfin, presque…
Car les sénateurs n’ont pas chômé, nous confie-t-on en coulisses. Pas moins de 700 amendements ont été déposés, conduisant parfois à de vifs débats. Parmi les sujets qui fâchent : les économies demandées aux collectivités locales. Le gouvernement voulait leur imposer 5 milliards d’euros d’efforts. Trop pour le Sénat, qui a réussi à faire baisser la note à 2,2 milliards.
Nous avons réussi à préserver l’essentiel pour les collectivités, qui sont en première ligne pour nos concitoyens.
Un sénateur LR
Des arbitrages douloureux
Mais il a bien fallu trouver des contreparties pour financer cet allègement. Et c’est là que les choses se corsent. Coups de rabot sur les ministères, hausse de la taxe sur les transactions financières, suppression de niches fiscales parfois controversées (l’Agence Bio en a fait les frais)… Les sénateurs n’ont pas eu la main légère, s’attirant les foudres de certains lobbys.
Selon des sources concordantes, les arbitrages finaux se seraient joués à l’Élysée, après d’ultimes tractations. Le gouvernement a dû mettre de l’eau dans son vin, mais il a obtenu l’essentiel : un plan d’économies crédible pour commencer à redresser les comptes publics. Pas une mince affaire en ces temps troublés…
Les prochaines étapes
Mais « l’interminable parcours parlementaire », comme le qualifie un député, n’est pas encore terminé ! Le texte sénatorial doit maintenant être harmonisé avec la version de l’Assemblée nationale, via la fameuse « commission mixte paritaire ». Nul ne sait si un accord pourra être trouvé avec les députés, échaudés.
Ensuite, retour devant les deux chambres pour un vote solennel, avec le spectre d’un nouveau 49.3. Si la loi est adoptée, il faudra encore passer l’épreuve du Conseil constitutionnel. Bref, rien n’est fait, mais cette adoption au Sénat est un pas important. Les Français attendent ce budget avec impatience. La balle est désormais dans le camp du gouvernement pour boucler enfin ce feuilleton budgétaire à rebondissements.