Le cinéma français brille à nouveau à l’international avec Emilia Pérez, le dernier film de Jacques Audiard qui fait une entrée fracassante dans la course aux Oscars 2025. Présenté au dernier Festival de Cannes où il a remporté le Prix du Jury, ce drame musical inclassable retrace le parcours d’un puissant baron de la drogue mexicain qui décide de changer de vie en devenant une femme.
Un sujet audacieux entre narco-thriller et questionnement identitaire
Avec Emilia Pérez, Jacques Audiard s’attaque à un sujet fort et inédit. Manitas, narcotrafiquant sans pitié au sommet d’un cartel, fait croire à sa mort pour pouvoir réaliser son rêve : entamer une transition de genre et devenir Emilia. Un pitch surprenant qui permet au cinéaste d’explorer des thèmes universels d’identité et de rédemption dans un genre hybride mêlant film de gangsters, comédie musicale et drame intimiste.
Pour incarner ce personnage hors norme, Audiard a misé sur le talent de l’actrice transgenre espagnole Karla Sofía Gascón. Un choix audacieux et payant, l’interprète apportant une sensibilité unique au rôle. Sa prestation lui a d’ailleurs valu le Prix d’interprétation féminine à Cannes, qu’elle a partagé avec ses partenaires Zoe Saldaña, Selena Gomez et Adriana Paz.
Un film choc et flamboyant porté par une bande son enivrante
Fidèle à son style, Jacques Audiard livre un long-métrage aussi déstabilisant que captivant. Alternant scènes coup de poing sur l’univers impitoyable des cartels et numéros chantés et dansés flamboyants, Emilia Pérez joue sur les contrastes et bouscule le spectateur, l’embarquant dans un tourbillon d’émotions.
La musique, omniprésente, apporte une touche de folie et d’onirisme au récit. Elle permet aussi de refléter les différentes facettes du personnage principal, comme lors d’une scène marquante à l’hôpital où des chœurs entonnent « Rhinoplastie ! Vaginoplastie ! ».
Je m’intéresse aux gens qu’on a du mal à qualifier, qu’on ne sait pas nommer.
Jacques Audiard
Vers une consécration hollywoodienne pour Audiard ?
Après ce triomphe cannois, Emilia Pérez part à la conquête des Oscars. Le film, racheté par Netflix, représentera la plateforme dans la course au trophée dans plusieurs catégories majeures dont Meilleur film, Meilleur réalisateur et Meilleure actrice. Une première pour un long-métrage français.
Pour Jacques Audiard, souvent nommé mais jamais récompensé, Emilia Pérez pourrait bien être le film de la consécration à Hollywood. Le réalisateur, couronné à de multiples reprises en Europe dont d’une Palme d’Or pour Dheepan, rêve de décrocher enfin un Oscar et s’apprête à mener une intense campagne de promotion outre-Atlantique.
Son approche singulière, son audace formelle et sa capacité à s’emparer de sujets de société forts en font un cinéaste dont l’œuvre résonne bien au-delà des frontières hexagonales. Récompensé ou non, Emilia Pérez prouve qu’à 72 ans, Jacques Audiard est plus créatif et ambitieux que jamais, n’hésitant pas à bousculer les codes et à prendre des risques. De quoi confirmer son statut d’auteur majeur du cinéma mondial.