La pression ne cesse de monter sur les géants de la technologie. Dernière offensive en date, le régulateur britannique de la concurrence (CMA) vient de lancer deux enquêtes distinctes sur les écosystèmes mobiles d’Apple et Google. Les smartphones et tablettes des deux firmes américaines sont dans le viseur de l’autorité.
Position ultra dominante sur le marché mobile
Selon une source proche du dossier, la CMA compte évaluer en profondeur la position d’Apple et Google au sein de leurs écosystèmes respectifs. Cela englobe les systèmes d’exploitation (iOS et Android), les magasins d’applications (App Store et Google Play Store) ainsi que les navigateurs web (Safari et Chrome).
Il faut dire que les deux géants règnent en maîtres quasi absolus sur le marché mobile britannique. La quasi-totalité des smartphones et tablettes vendus outre-Manche sont pré-équipés soit d’iOS, soit d’Android. Quant aux app stores et navigateurs maison, ils occupent des positions exclusives ou ultra dominantes sur leurs plateformes.
Vers une désignation comme « sociétés stratégiques »
Au terme de ces investigations, qui devraient s’achever le 22 octobre prochain, Apple et Google pourraient être désignés comme des « sociétés stratégiques sur le marché ». Un statut spécial qui permet au régulateur d’imposer des exigences particulières, dans le cadre du nouveau régime de concurrence sur le numérique entré en vigueur au Royaume-Uni le 1er janvier.
Ce régime est similaire au Digital Markets Act (DMA) de l’Union européenne. Lui aussi vise à mettre un terme aux abus de position dominante d’une poignée de géants de la tech, dont Apple, Google et Meta.
Quelles mesures pour rétablir la concurrence ?
Concrètement, la CMA pourrait obliger les deux groupes à laisser davantage de place à la concurrence sur leurs plateformes mobiles. Cela pourrait passer par :
- L’autorisation pour des apps tierces d’accéder à certaines fonctionnalités clés
- L’ouverture à des méthodes de paiement alternatives en dehors des app stores
- L’assouplissement des restrictions sur les navigateurs web concurrents
Une autre enquête, lancée la semaine dernière et qui doit s’achever le 13 octobre, cible spécifiquement la position ultra dominante de Google sur le marché des moteurs de recherche. Là encore, des mesures pourraient être imposées pour stimuler la concurrence et protéger les consommateurs.
Entre sanctions et main tendue
Face à cette nouvelle offensive, les réactions des géants de la tech sont mitigées. Google affirme que « l’ouverture d’Android a contribué à élargir le choix, réduire les prix et démocratiser l’accès aux smartphones et aux apps ». Apple, de son côté, assure faire face à « la concurrence dans tous les segments et territoires » où il est présent.
Malgré ces enquêtes à répétition, le gouvernement britannique semble tendre la main aux géants américains. En nommant cette semaine un ancien patron d’Amazon à la présidence par intérim du régulateur, il envoie un message clair. « Le Royaume-Uni est ouvert aux investissements et nous travaillons avec des partenaires du monde entier pour les encourager », a-t-il déclaré.
Un discours qui fait écho aux récentes promesses de Donald Trump de défendre les intérêts des géants de la tech américains, jugés malmenés par les régulateurs européens. Le retour du milliardaire à la Maison Blanche pourrait déboucher sur un véritable bras de fer transatlantique sur la régulation du numérique.
Une chose est sûre, entre sanctions et main tendue, les prochains mois s’annoncent déterminants pour l’avenir des écosystèmes mobiles d’Apple et Google. Et plus largement, pour l’équilibre concurrentiel du secteur de la tech. Un feuilleton à suivre de très près des deux côtés de l’Atlantique…