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L’enseignement derrière les barreaux : une lueur d’espoir

Dans la grisaille de la prison de Fresnes, une lueur d'espoir brille. Des détenus retrouvent le chemin de l'école et de la réinsertion. Un reportage poignant au cœur d'une salle de classe pas comme les autres, où l'éducation redonne un sens à des vies brisées...

Au cœur du béton et des barbelés de la prison de Fresnes, une petite salle de classe offre une bouffée d’air frais. Ici, loin du tumulte carcéral, des détenus retrouvent le chemin de l’école. Une parenthèse studieuse dans des vies cabossées, un espoir de réinsertion par l’éducation. Un pari audacieux dans un univers où l’horizon se limite souvent aux murs gris et froids de la détention.

Un îlot de normalité derrière les barreaux

Dans cette salle exiguë mais lumineuse, onze détenus s’appliquent à décortiquer la tirade de Dom Juan. Guidés par Tatiana, leur professeure de français énergique et bienveillante, ils plongent avec délectation dans les vers de Molière. L’espace d’un cours, ils ne sont plus des prisonniers mais des élèves comme les autres. «Rien ne change, c’est vraiment tout comme à l’école, avec des cours et des profs normaux», s’enthousiasme un détenu assidu.

Pourtant, les listes d’attente sont longues. «Ils sont cent quarante à vouloir s’inscrire», glisse une responsable. Les places sont chères dans cet espace de normalité où la soif d’apprendre transcende les uniformes et les numéros d’écrou. Ici, on prépare avec acharnement le précieux diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU), équivalent du baccalauréat pour ces élèves si particuliers.

Des examens sous haute surveillance

Malgré le contexte carcéral, les examens se déroulent dans les règles de l’art. La seule différence? Les surveillants qui veillent au grain et les barreaux qui zèbrent les fenêtres. «Le moment des examens est très gratifiant pour nous professeurs, même s’ils sont souvent très angoissés», confie Tatiana. Un trac bien compréhensible quand on sait l’enjeu de ces épreuves pour des détenus en quête de rachat.

On redécouvre l’école de façon plus mûre, avec un regard différent.

Un détenu de Fresnes

Une réconciliation avec les savoirs

Car pour beaucoup, ce retour sur les bancs de l’école est une revanche sur un passé d’échec scolaire. «On était tous assez jeunes en arrêtant l’école. On redécouvre l’école de façon plus mûre, avec un regard différent», analyse Amir, un détenu appliqué. Une réconciliation parfois douloureuse avec une institution qui les a souvent rejetés, mais ô combien capitale pour se reconstruire.

Et les progrès sont là. «Avant, je ne prêtais pas attention à ma façon de parler, dans ma vie de tous les jours. Maintenant, je fais plus attention. Je me rends compte que j’utilise des figures de style», s’émerveille Amir. Des victoires à la fois scolaires et humaines, qui redonnent confiance et éclairent l’avenir d’une lueur nouvelle.

L’éducation, un levier de réinsertion

Au-delà des savoirs, c’est tout un processus de resocialisation qui s’opère. «Cela permet de sortir de notre cellule, de passer le temps, de voir des amis», énumère un détenu. Mais aussi de se projeter dans un après, un horizon décidément plus vaste que les coursives bétonnées. Car ici, on ne pense pas qu’à soi. «Lorsqu’on fait une demande de remise de peine, la scolarité en détention fait bien sur le dossier», note Amir avec une pointe de fierté.

Alors oui, enseigner en prison n’est pas un long fleuve tranquille. «On baigne dans un environnement violent, bruyant, fatigant. On ne voit pas la lumière», concède Tatiana. Mais chaque progrès, chaque déclic dans le regard d’un élève vaut tous les efforts du monde. Car derrière les murs de la prison de Fresnes, c’est un peu de lumière qui s’insuffle dans des destins brisés. La preuve éclatante qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre, comprendre et se reconstruire.

En donnant une seconde chance à ces détenus, l’école joue pleinement son rôle d’ascenseur social et de vecteur de réinsertion. Un pari audacieux et nécessaire pour une société qui se doit d’offrir une place à chacun, même à ceux qui ont un jour dévié du droit chemin. Car en éclairant les esprits, c’est toute une vie que l’on peut changer. Une leçon d’humanité et d’espoir, magistralement dispensée entre les murs de la prison de Fresnes.

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