Le Royaume-Uni retient son souffle alors que l’heure du jugement approche pour le meurtrier présumé de trois fillettes. Les faits, remontant à fin juillet 2024, avaient choqué tout le pays et déclenché une vague d’émeutes anti-immigration d’une violence inouïe. Ce jeudi, Axel Rudakubana, 18 ans, connaîtra sa peine lors d’une audience qui s’annonce déterminante pour comprendre comment ce drame a pu se produire.
Des aveux inattendus stoppent le procès
Lors d’une audience préliminaire lundi, Axel Rudakubana a surpris tout le monde en plaidant coupable pour les meurtres de Bebe King, 6 ans, Elsie Dot Stancombe, 7 ans, et Alice da Silva, 9 ans. Ces trois fillettes avaient été poignardées lors d’un cours de danse inspiré de Taylor Swift, à Southport. Huit autres enfants et deux adultes avaient été blessés.
Ces aveux ont coupé court au procès, qui devait durer au moins quatre semaines. Les restrictions médiatiques ont alors été levées, laissant éclater au grand jour le profil inquiétant de l’accusé : un adolescent violent, quasi déscolarisé dès 13 ans, vivant reclus et fasciné par les tueries de masse.
Un passé violent ignoré
En effet, d’après des sources proches de l’enquête, Axel Rudakubana présentait depuis longtemps des signes alarmants. Diagnostiqué autiste, il avait été exclu de son collège après avoir amené un couteau en classe. Mais au lieu d’un suivi, il y était retourné… pour agresser ses anciens camarades avec une crosse de hockey ! Le garçon les accusait de harcèlement raciste.
Son cercle familial, originaire du Rwanda et marqué par le génocide, n’aurait pas su déceler les signaux. Pendant la pandémie, l’adolescent s’est retrouvé livré à lui-même, développant une fascination morbide pour la mort. Des armes et un manuel d’Al-Qaïda ont même été retrouvés chez lui.
L’adolescent n’a montré aucun signe de remords.
Ursula Doyle, procureure
Des opportunités manquées qui interrogent
Comment un profil aussi inquiétant a-t-il pu passer entre les mailles du filet ? C’est toute la question. La ministre de l’Intérieur Yvette Cooper a reconnu qu’Axel Rudakubana avait été signalé à trois reprises à un programme de prévention de l’extrémisme, visiblement sans suite. Une enquête a été ouverte sur ces défaillances.
Pour le Premier ministre Keir Starmer, il faut s’attaquer à cette « nouvelle et dangereuse menace » des loups solitaires. Ces jeunes hommes radicalisés dans leur chambre, parfois inspirés par des groupes terroristes. Si nécessaire, promet-il, la loi sera modifiée.
Une nation traumatisée
Au-delà du procès, c’est tout le Royaume-Uni qui porte les stigmates de cette tragédie. Après l’attaque, des émeutes anti-immigration et islamophobes d’une rare virulence avaient éclaté, visant mosquées et hôtels hébergeant des demandeurs d’asile. Plus de 410 personnes ont depuis été condamnées. Mais le traumatisme est profond.
Comme le symbolisent les visites du roi Charles III aux victimes ou les mots bouleversés de Taylor Swift, c’est une nation entière qui pleure ces fillettes fauchées dans l’innocence. Et qui se demande : comment en est-on arrivé là ? Le procès, s’il apportera un début de réponse, ne suffira pas à refermer ces plaies béantes.