Le Yemen se retrouve une fois de plus plongé au cœur de l’actualité internationale. Le président américain Donald Trump vient en effet de signer un décret visant à classer de nouveau les rebelles houthis comme une « organisation terroriste étrangère ». Une décision lourde de conséquences pour ce pays de la péninsule arabique, déjà meurtri par des années de conflit.
Retour sur un revirement de situation
Il y a un an, l’administration Biden avait pourtant retiré les houthis de la liste noire américaine, les qualifiant plutôt d’entité « spécialement désignée comme terroriste au niveau mondial ». Un choix justifié à l’époque par la volonté de Washington de ne pas entraver l’acheminement de l’aide humanitaire, dans un Yemen en proie à la famine et aux épidémies.
Mais aujourd’hui, c’est un virage à 180 degrés qu’opère la Maison Blanche. Selon une source proche du dossier, ce durcissement fait suite à la multiplication des attaques de drones et de missiles menées par les rebelles contre les intérêts américains et ceux de leurs alliés dans la région.
Le Yemen, théâtre d’une guerre par procuration
Depuis 2014, le Yemen est le terrain d’affrontements meurtriers entre le gouvernement soutenu par une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, et les rebelles houthis appuyés par l’Iran. Un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU, avec des millions de déplacés et une population au bord de la famine.
Les civils yéménites sont pris en étau entre les bombardements de la coalition, les exactions des rebelles et le blocus imposé au pays, qui entrave l’arrivée de nourriture, de carburant et de médicaments.
– Un membre d’une ONG humanitaire
Mais au-delà des considérations humanitaires, la guerre au Yemen est aussi devenue le symbole de la lutte d’influence entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, sur fond de tensions géopolitiques régionales exacerbées.
Quelles conséquences pour l’aide humanitaire ?
De nombreuses organisations humanitaires s’inquiètent des répercussions de la décision américaine sur leurs opérations dans un Yemen exsangue. Le reclassement des houthis comme groupe terroriste pourrait en effet compliquer l’acheminement de l’aide d’urgence, en raison des sanctions et des restrictions qui l’accompagnent.
Des responsables onusiens craignent également que cette mesure ne réduise à néant les efforts diplomatiques en cours pour tenter de trouver une issue politique au conflit. Un processus déjà plus que fragile, dans un contexte marqué par la défiance et les violations répétées du cessez-le-feu.
Une population civile en première ligne
Comme souvent, ce sont les civils yéménites qui risquent de payer le prix fort de cette nouvelle escalade diplomatique. Pris en tenailles entre les combats, les pénuries et la misère, ils tentent de survivre au jour le jour dans un pays à l’agonie.
Nous sommes épuisés par cette guerre sans fin. Tout ce que nous voulons, c’est pouvoir vivre en paix et offrir un avenir à nos enfants.
– Un père de famille yéménite
Face à cette détresse, la communauté internationale semble impuissante. Les appels répétés à la désescalade et à la reprise du dialogue politique se heurtent aux intérêts divergents des acteurs régionaux et à la complexité d’un conflit aux ramifications multiples.
Une fois encore, c’est le Yemen et son peuple qui se retrouvent broyés dans les rouages de la géopolitique moyen-orientale. Et tant que les grandes puissances continueront à privilégier leurs agendas stratégiques au détriment des considérations humanitaires, il y a peu d’espoir de voir la situation s’améliorer sur le terrain.
Une tragédie qui se déroule loin des projecteurs médiatiques, mais qui n’en reste pas moins l’une des pires catastrophes humanitaires de notre époque. Un drame auquel la décision de Trump de reclasser les houthis comme organisation terroriste risque hélas de donner une nouvelle dimension.
