Selon une source proche de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), le groupe jihadiste État Islamique au Khorassan (EI-K) est devenu la menace terroriste numéro un en France. Implanté en Afghanistan et au Pakistan, ce groupe affilié à l’État Islamique aurait développé un réseau de relais en Europe, s’appuyant notamment sur des migrants originaires d’Asie centrale arrivés lors de récentes vagues migratoires.
L’EI-K, une menace montante pour l’Europe
D’après nos informations, l’EI-K aurait déjà pu faire passer à l’acte des individus installés en France grâce à ses connexions avec des ressortissants centrasiatiques et caucasiens présents sur le territoire européen. Un phénomène observé notamment à Strasbourg en 2022, qui pousse les services de renseignement à une vigilance accrue envers ces communautés, sans pour autant tomber dans la stigmatisation.
Cette nouvelle donne s’ajoute aux préoccupations déjà importantes des services concernant la progression de l’État Islamique en Afrique, en particulier au Sahel. Une région instable où la France est militairement engagée et qui pourrait servir de base arrière à de futurs attentats sur le sol européen.
Le conflit israélo-palestinien, terreau de radicalisation
Autre sujet d’inquiétude pour la DGSI : l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien par les mouvements jihadistes. Si le Hamas ne séduit que marginalement en France, on observe en revanche un large soutien à la cause palestinienne, parfois teinté d’un antisémitisme virulent.
Ce conflit alimente les fantasmes sur la prétendue islamophobie d’État et les discours estimant que les musulmans ne peuvent pas vivre librement leur religion en France.
– Une source au sein du renseignement français
Un thème récurrent, savamment exploité par les organisations terroristes pour attiser la haine contre la France et ses valeurs.
La chute de Bachar el-Assad, source d’incertitudes
La récente chute du régime de Bachar el-Assad en Syrie soulève également de nombreuses interrogations. Environ 150 ressortissants français seraient actuellement détenus dans des camps du nord-est syrien, tandis que d’autres auraient été repérés aux côtés de groupes armés anti-Assad dans le nord-ouest du pays.
L’enjeu pour les services de renseignement est d’évaluer l’impact sécuritaire de ce changement de donne politique. La nouvelle situation va-t-elle permettre une résurgence des cellules de l’État Islamique encore présentes sur le territoire syrien ou au contraire précipiter leur disparition ? Une question cruciale dont dépendra la sécurité de la France et de l’Europe dans les mois et années à venir.
Un contexte sécuritaire sous haute tension
Face à ces menaces multiples et diffuses, la DGSI est plus que jamais sur le qui-vive. Outre l’EI-K, la Syrie et le conflit israélo-palestinien, d’autres foyers de tension persistent :
- Les risques liés au retour des djihadistes français et de leurs familles, notamment les «lionceaux du califat»
- La menace d’attaques inspirées par la propagande de l’État Islamique, même après sa défaite territoriale
- Les actions de groupes radicaux comme Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et Al-Shabaab en Afrique de l’Est
Un contexte sécuritaire tendu qui exige une adaptation permanente des services et une coopération renforcée aux niveaux européen et international. Le démantèlement de plusieurs cellules terroristes ces derniers mois, en France et chez nos voisins, démontre l’efficacité de ce travail de l’ombre. Mais la vigilance reste plus que jamais de mise.
Car comme le souligne une source au sein du renseignement, «le risque zéro n’existe pas et les modes opératoires des terroristes ne cessent d’évoluer pour déjouer notre surveillance». Un constat qui appelle à ne jamais baisser la garde face à un ennemi protéiforme et déterminé à frapper le cœur de nos démocraties.