C’est un coup de filet spectaculaire dans la lutte contre le narcotrafic. Selon des sources proches de l’enquête, la police colombienne a saisi plus de 24 tonnes de cocaïne depuis début août, dont 8,2 tonnes lors d’une seule opération dans le port de Buenaventura, sur la côte pacifique. Une prise record qui porte un coup dur aux cartels de la drogue.
Cette cargaison interceptée mardi était dissimulée dans des conteneurs à destination de l’Espagne. Grâce à une coordination avec Europol, les autorités ont pu mettre la main sur ce butin colossal, d’une valeur de plusieurs centaines de millions d’euros sur le marché européen. « Un coup dur pour la mafia » s’est félicité le directeur de la police colombienne.
La Colombie, plaque tournante du trafic
Malgré les efforts des forces de l’ordre, la Colombie reste le premier pays exportateur mondial de cocaïne. Buenaventura et le port équatorien de Guayaquil constituent les principaux points de transit de la poudre blanche vers les marchés nord-américains, européens et asiatiques.
Selon le dernier rapport de l’ONU, la production de cocaïne a bondi de 53% en 2023 pour atteindre un niveau record de 2.600 tonnes par an. Les surfaces cultivées en coca, la plante à la base de la drogue, couvrent désormais 253.000 hectares en Colombie, en hausse de 10%.
Les régions les plus concernées sont occupées à 98% par divers groupes armés qui se livrent une guerre sans merci pour le contrôle de ce juteux trafic. Corruption, violence, déforestation… Les dégâts collatéraux sont considérables pour le pays.
Le gouvernement impuissant face aux narcos
Malgré quelques coups d’éclat comme ces récentes saisies, les autorités colombiennes peinent à endiguer le flot de poudre blanche. L’appétit insatiable des consommateurs occidentaux, les immenses profits générés et la pauvreté qui sévit dans les campagnes rendent la tâche presque impossible.
La « guerre contre la drogue » est un échec cuisant. Il faut changer de paradigme et traiter le problème sous l’angle de la santé publique, pas de la répression.
Gustavo Petro, président colombien
Élu en 2022 sur un programme de gauche, le président Gustavo Petro prône une approche radicalement différente, inspirée des exemples portugais et américains : dépénalisation de la consommation, régulation de la production, accompagnement des usagers… Mais il se heurte aux résistances de son propre camp et de Washington, qui redoute de voir la première puissance mondiale inondée de came bon marché.
En attendant un hypothétique changement de cap, le juteux business de la blanche a encore de beaux jours devant lui en Colombie. Malgré leurs efforts, police et marine ressemblent à Don Quichotte luttant contre les moulins à vent. Un combat perdu d’avance ?
