Une nouvelle vague de répression déferle sur l’Iran, visant cette fois la communauté bahaïe, la plus grande minorité religieuse non musulmane du pays. Mercredi dernier, les autorités iraniennes ont procédé à l’arrestation de dix femmes appartenant à cette confession, suscitant l’indignation des défenseurs des droits humains.
Des raids « choquants » et « insensés »
Selon la Communauté internationale bahaïe (CIB), qui représente cette minorité auprès des Nations unies, les forces de sécurité iraniennes ont fait irruption dans les domiciles de ces dix femmes, sans mandat ni avertissement préalable. Les lieux ont ensuite été soumis à des « fouilles pénibles et invasives », a dénoncé l’organisation.
Le gouvernement iranien a une fois de plus montré son vrai visage
– Simin Fahandej, représentante de la CIB à l’ONU
Pour la CIB, ces arrestations font partie d’une campagne systématique et croissante de persécution à l’encontre des bahaïs en Iran. Simin Fahandej, représentante de la communauté à Genève, a qualifié ces raids de « nouvel acte insensé contre des femmes totalement innocentes ».
Une minorité considérée comme hérétique
La République islamique d’Iran, où le chiisme est religion d’État, perçoit les bahaïs comme des hérétiques et des « espions » à la solde d’Israël. Cette suspicion trouve son origine dans l’implantation historique du siège mondial de la communauté à Haïfa, dans le nord de l’État hébreu, ennemi juré de Téhéran.
Pourtant, les bahaïs suivent simplement les enseignements de Bahaullah, un prophète né en Iran au 19ème siècle, fondateur de cette religion monothéiste prônant l’unité et l’égalité. Contrairement à d’autres confessions minoritaires comme les chrétiens, les juifs ou les zoroastriens, leur foi n’est pas reconnue par les autorités iraniennes.
Une persécution qui s’intensifie
En décembre dernier, des experts de l’ONU s’étaient déjà alarmés d’une recrudescence apparente du « ciblage systématique des femmes » bahaïes en Iran. Human Rights Watch avait pour sa part estimé en avril que la persécution de cette communauté depuis la révolution islamique de 1979 s’apparentait à un « crime contre l’humanité ».
Parmi les femmes récemment arrêtées figurent notamment la poétesse Mahvash Sabet, 70 ans, et Fariba Kamalabadi, 62 ans. Déjà emprisonnées à plusieurs reprises ces 20 dernières années, elles purgent actuellement des peines de 10 ans de prison après avoir été arrêtées en juillet 2022.
Bien qu’il soit difficile d’évaluer précisément le nombre de bahaïs encore présents en Iran, les soutiens de la communauté estiment qu’ils pourraient être plusieurs centaines de milliers. Une minorité religieuse dont le calvaire semble malheureusement loin d’être terminé, face à un régime déterminé à les réduire au silence.