C’est un coup de tonnerre qui vient de retentir outre-Atlantique. À peine de retour à la Maison Blanche, le président Donald Trump prend le monde de court en signant une série de décrets visant à renforcer drastiquement la sécurité à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Au cœur de ces mesures chocs : le déploiement immédiat de pas moins de 1500 militaires supplémentaires pour sécuriser la zone frontalière.
Une réponse musclée à « l’urgence nationale »
Fidèle à ses promesses de campagne, Donald Trump entend bien reprendre le contrôle des frontières américaines. Dès le 20 janvier, jour de son investiture, il a déclaré que l’immigration clandestine constituait une « urgence nationale ». Dans la foulée, il ordonne à l’armée d’apporter son soutien aux forces de sécurité déjà déployées à la frontière sud des États-Unis.
Selon Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison Blanche, ces 1500 militaires s’ajouteront aux quelques 2200 soldats en service actif et aux milliers de membres de la Garde nationale déjà sur place. Un renfort de taille pour tenter d’endiguer les flux migratoires en provenance d’Amérique centrale.
L’Insurrection Act dans le viseur
Mais Donald Trump ne compte pas s’arrêter là. Dans un décret présidentiel signé le 20 janvier, il demande au Pentagone d’envoyer autant de troupes que nécessaire pour obtenir un « contrôle opérationnel complet » de la frontière. Le texte évoque même la possibilité d’invoquer l’Insurrection Act, une loi de 1807 permettant au président de déployer l’armée sur le sol américain pour mater des troubles intérieurs.
Dans un délai de 90 jours, les responsables du Département de la Défense et du Département de la Sécurité intérieure devront recommander si des mesures supplémentaires, y compris l’invocation de l’Insurrection Act de 1807, pourraient être nécessaires.
Extrait du décret présidentiel du 20 janvier
Une batterie de mesures anti-immigration
En parallèle de ce déploiement militaire, les décrets signés par Donald Trump prévoient tout un arsenal de mesures visant à restreindre drastiquement l’immigration, légale comme illégale :
- Interdiction générale de l’asile
- Restriction de l’accès à la citoyenneté américaine pour les enfants nés sur le sol des États-Unis
- Construction accélérée du mur frontalier
- Sanctions contre les villes « sanctuaires » qui protègent les sans-papiers
Des dispositions qui risquent de tendre encore un peu plus les relations, déjà compliquées, entre Washington et Mexico. Reste à savoir comment ces mesures seront mises en œuvre sur le terrain et quelles seront les réactions, des deux côtés de la frontière.
Le début d’un bras de fer
Une chose est sûre : en ouvrant ce nouveau front intérieur, Donald Trump lance un véritable bras de fer politique et juridique. Ses détracteurs dénoncent déjà un coup de force anticonstitutionnel et une militarisation à outrance de la frontière. Mais le président, lui, semble déterminé à tenir ses promesses coûte que coûte.
Quitte à pousser le rapport de force dans ses derniers retranchements, comme en témoigne sa volonté de débaptiser le golfe du Mexique pour le renommer « Golfe d’Amérique ». Un changement hautement symbolique qui risque de mettre le feu aux poudres. Les prochaines semaines s’annoncent plus que jamais décisives pour l’avenir des relations américano-mexicaines mais aussi, plus largement, pour la politique migratoire des États-Unis.