Face à un contexte géopolitique de plus en plus tendu, l’Europe est appelée à repenser en profondeur sa stratégie de défense. C’est le message fort délivré par Donald Tusk, ancien président du Conseil européen, lors de son discours devant le Parlement européen. Un plaidoyer sans détour pour une Europe qui doit impérativement renforcer ses capacités militaires si elle veut peser sur la scène internationale.
L’appel à un sursaut européen
« Si l’Europe veut survivre, elle doit s’armer ». Par cette phrase choc, Donald Tusk a voulu secouer les consciences européennes. Selon lui, l’heure n’est plus aux atermoiements mais à l’action résolue. L’Europe doit se donner les moyens de sa souveraineté, et cela passe inévitablement par un effort conséquent en matière de défense.
Le dirigeant polonais n’a pas mâché ses mots, exhortant les Etats membres à prendre au sérieux l’appel du président américain Donald Trump à porter leurs dépenses militaires à 5% du PIB. Un niveau d’investissement qui peut paraître considérable, mais que Donald Tusk juge indispensable au regard des menaces qui pèsent sur le continent.
Des menaces multiples aux portes de l’Europe
De la guerre en Ukraine à l’instabilité chronique au Moyen-Orient en passant par la montée des tensions en mer de Chine, les foyers de crise se multiplient. Et l’Europe, de par sa situation géographique, se trouve en première ligne. Une position inconfortable qui oblige les Européens à repenser leur doctrine de défense pour faire face à ces défis protéiformes.
La Pologne, pays frontalier de l’Ukraine, mesure chaque jour un peu plus l’importance d’une Europe forte sur le plan militaire. Les pays baltes, eux aussi directement exposés à la menace russe, partagent ce constat. Il est temps pour l’Europe de sortir de sa posture parfois qualifiée de « naïve » et d’adopter une approche plus réaliste des relations internationales.
Un défi autant capacitaire que politique
Mais au-delà de la question budgétaire, c’est bien un changement de paradigme qui est appelé de ses vœux par Donald Tusk. L’Europe doit apprendre à penser sa sécurité de manière autonome, sans dépendre systématiquement du parapluie américain. Une révolution culturelle pour une Union européenne qui s’est longtemps pensée comme une « puissance douce », privilégiant le droit et la négociation sur la force.
Ne vous demandez pas ce que les États-Unis peuvent faire pour votre sécurité, demandez-vous ce que nous pouvons faire pour notre sécurité.
Donald Tusk, ancien président du Conseil européen
Cette autonomie stratégique européenne, maintes fois évoquée mais jamais véritablement concrétisée, apparaît aujourd’hui comme une ardente nécessité. Elle suppose une vision partagée, une volonté politique affirmée et des moyens à la hauteur des ambitions. Autant de défis qui attendent la nouvelle Commission européenne et les Etats membres dans les mois et années à venir.
L’Europe face à son destin
« Relevez la tête, Européens » a lancé Donald Tusk en guise de conclusion. Un appel à la fierté et à la responsabilité d’un continent qui ne peut plus se permettre d’être spectateur des grands enjeux mondiaux. L’avenir de l’Europe se jouera aussi sur sa capacité à peser militairement, pour défendre ses valeurs et ses intérêts dans un monde de plus en plus imprévisible.
La prise de conscience semble en marche, comme en témoigne le lancement récent de plusieurs initiatives européennes en matière de défense (Coopération structurée permanente, Fonds européen de défense…). Mais le chemin est encore long pour faire de l’Europe un véritable acteur géopolitique de premier plan. L’appel de Donald Tusk résonnera-t-il dans les capitales européennes ? L’avenir nous le dira.