Alors que plus de 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France, un collectif d’associations tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué publié mercredi, ces organisations dénoncent « une carence de l’État » dans la lutte contre ce fléau et annoncent un recours en justice. Elles appellent également les parlementaires à se mobiliser pour exiger des actions concrètes du gouvernement.
Des obligations légales non respectées
Selon le collectif Alerte, qui regroupe 34 associations et fédérations engagées contre la précarité, l’État français manque à ses devoirs. En effet, la loi du 1er décembre 2008 prévoit que le gouvernement définisse tous les 5 ans « un objectif quantifié de réduction de la pauvreté » et remette chaque année au Parlement un rapport sur l’avancée de cet objectif et les moyens mis en œuvre.
Or, comme le souligne le collectif, si un premier objectif a été fixé en 2008-2009, aucune nouvelle publication en ce sens n’a eu lieu depuis. « L’absence de rapports depuis 2011 constitue une carence de l’État, en violation directe d’une disposition législative expresse et non abrogée », s’insurgent les associations.
Un recours en justice envisagé
Face à cette situation, le collectif Alerte a décidé de passer à l’action. Un « recours préalable » va être adressé au Premier ministre et à la ministre des Solidarités pour « demander le respect des obligations de l’État ». Si cette démarche n’aboutit pas, les associations n’excluent pas de saisir le Conseil d’État, comme l’a précisé Noam Leandri, président du collectif.
« L’absence de rapports depuis 2011 constitue une carence de l’État, en violation directe d’une disposition législative expresse et non abrogée. »
Collectif Alerte
Appel à la mobilisation des parlementaires
Au-delà de cette action en justice, le collectif en appelle à la responsabilité des élus de la Nation. Dans son communiqué, il exhorte les parlementaires à « rappeler l’État à ses obligations en matière de lutte contre la pauvreté » et à « s’engager personnellement » pour que des politiques publiques « ambitieuses » soient mises en place.
Cette mobilisation apparaît d’autant plus cruciale que la situation ne cesse de s’aggraver. Selon les derniers chiffres de l’Insee, plus de 9,3 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en France en 2020, soit 14,6% de la population. Un chiffre en hausse de 0,4 point par rapport à l’année précédente, conséquence notamment de la crise sanitaire.
Des associations en première ligne
Dans ce contexte difficile, les associations caritatives sont plus que jamais en première ligne. Emmaüs, le Secours Catholique, la Fondation Abbé Pierre ou encore les Restos du Cœur se démènent au quotidien pour venir en aide aux plus démunis, palliant tant bien que mal les insuffisances des politiques publiques.
Mais comme le souligne le collectif Alerte, cette mobilisation associative ne peut se substituer durablement à l’action de l’État. Il est urgent que le gouvernement prenne enfin la mesure de l’ampleur de la pauvreté en France et mette en place une stratégie globale et ambitieuse pour y faire face.
« La balle est aujourd’hui dans le camp de ceux qui peuvent et doivent nous aider : le gouvernement et les parlementaires. »
Un responsable associatif
Une problématique multifactorielle
Lutter efficacement contre la pauvreté nécessite de s’attaquer à ses racines profondes et multiples :
- L’accès à l’emploi et la qualité des emplois
- Le niveau des salaires et du pouvoir d’achat
- Le coût du logement
- L’accès aux soins et à une couverture santé
- L’éducation et la formation tout au long de la vie
- La lutte contre les discriminations
Autant de leviers sur lesquels l’État a la capacité d’agir, à condition d’en faire une priorité politique et budgétaire. C’est tout le sens de l’interpellation lancée par le collectif Alerte, pour que la lutte contre la pauvreté ne reste pas un vœu pieu mais se traduise enfin par des actes forts et concrets.
L’heure de vérité pour le gouvernement
Alors que la France traverse une période économique et sociale difficile, marquée par une inflation galopante et des tensions sur le pouvoir d’achat, l’enjeu de la pauvreté apparaît plus crucial que jamais. Le recours annoncé par le collectif Alerte sera un test pour le gouvernement et sa capacité à tenir ses engagements en la matière.
Au-delà, c’est toute la politique de solidarité nationale qui est questionnée. Dans une société fragilisée par les crises et les inégalités croissantes, il est impératif de renforcer notre modèle social et de donner corps au principe de fraternité inscrit aux frontons de nos mairies. La lutte contre la pauvreté doit être l’affaire de tous, à commencer par celles et ceux qui nous gouvernent.