Face à l’ampleur du trafic de drogue qui gangrène certains quartiers, l’idée de regrouper les 100 plus gros narcotrafiquants de France dans une même prison ultra-sécurisée fait débat dans les plus hautes sphères de l’État. Cette mesure choc, destinée à déstabiliser les réseaux, soulève autant d’espoirs que de craintes parmi les acteurs de la lutte anti-drogue.
Un coup dur pour les réseaux de narcotrafiquants ?
Le principal argument avancé par les partisans d’une telle prison est qu’elle porterait un coup sévère aux réseaux de trafic de stupéfiants. En isolant les têtes pensantes du narcotrafic, souvent à la tête d’organisations tentaculaires depuis leur cellule, on espère ainsi casser la chaîne de commandement de ces réseaux.
Couper la tête du serpent, c’est le meilleur moyen d’affaiblir durablement ces réseaux qui pourrissent la vie de nos quartiers.
D’après une source proche du dossier
En les privant de leurs « généraux », l’objectif est de désorganiser les circuits d’approvisionnement et de revente de la drogue, rendant plus difficile la poursuite des trafics. Une manière de reprendre du terrain sur les dealers qui font régner leur loi dans certaines cités.
Des risques de mutinerie et d’évasion
Mais regrouper les caïds de la drogue ne serait pas sans risque. Leurs moyens financiers colossaux et leur aura dans le milieu pourraient favoriser des tentatives d’évasion ou des mutineries de grande ampleur dans une telle prison.
De plus, cela créerait des tensions entre détenus. Les risques de règlements de compte entre trafiquants rivaux, confinés dans un même lieu, sont réels. Or les syndicats pénitentiaires alertent déjà sur le manque d’effectifs pour encadrer les détenus les plus dangereux.
Des doutes sur l’efficacité anti-drogue
L’effet d’une telle prison sur le narcotrafic est aussi sujet à caution. Isoler les parrains de la drogue ne suffira pas à démanteler des filières qui comptent des milliers de petites mains prêtes à prendre la relève. La vraie solution serait d’agir en amont :
- Renforcer la prévention auprès des jeunes
- Apporter des réponses socio-économiques dans les quartiers gangrénés par le trafic
- Traquer les réseaux de blanchiment d’argent de la drogue
Plutôt que la répression, c’est un changement de paradigme dans la lutte antidrogue que certains appellent de leurs vœux. Légaliser le cannabis, produit phare des trafics, fait partie des pistes avancées pour assécher le marché noir de la drogue.
Désengorger des prisons surpeuplées
Au-delà de son impact sur les réseaux de drogue, cette prison pourrait répondre au fléau de surpopulation carcérale. En regroupant les détenus les plus dangereux et en allégeant les autres établissements, elle améliorerait les conditions de détention dans un parc pénitentiaire saturé à 120%.
Encore faut-il trouver un site adapté pour cette future prison. Plusieurs élus locaux ont déjà fait savoir qu’ils s’opposeraient à un tel projet sur leur commune, craignant de voir leur territoire associé au grand banditisme et de devenir la cible de représailles des cartels.
Un débat loin d’être tranché
En attendant, un comité interministériel planche sur un cahier des charges très strict pour ce projet de prison hors norme. Parmi les critères : des dispositifs de sécurité ultra-sophistiqués, une surveillance 24h/24, l’interdiction totale des contacts avec l’extérieur et même entre détenus.
Mais certains doutent de la faisabilité, pointant la complexité et le coût pharaonique d’un tel établissement. D’autres y voient une posture sécuritaire pour masquer l’échec des politiques de lutte contre la drogue menées depuis 50 ans.
Une chose est sûre : avant de voir le jour, un tel projet devra surmonter de nombreux obstacles politiques, juridiques et budgétaires. Le débat promet d’être animé dans les prochains mois entre partisans d’une ligne répressive et défenseurs d’une refonte globale de la politique anti-drogue.