Le paysage politique tanzanien connaît une évolution notable à quelques mois des élections présidentielles prévues pour octobre prochain. Selon des sources proches du parti, Tundu Lissu a été élu à la présidence de Chadema, la principale formation d’opposition du pays, succédant ainsi à Freeman Mbowe qui dirigeait le parti depuis deux décennies.
Un changement dans un contexte politique tendu
Ce basculement intervient alors que la Tanzanie fait face à une intensification de la répression politique ces derniers mois. Des analystes politiques craignent que les tensions internes au sein de Chadema n’affaiblissent les chances du parti face au parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), lors du scrutin d’octobre.
Freeman Mbowe, figure emblématique de l’opposition connue pour son franc-parler, a déclaré accepter pleinement la décision des membres du parti. « Je félicite l’honorable Tundu Lissu et ses collègues d’avoir été investis de la responsabilité de diriger le parti. Je leur souhaite beaucoup de succès dans l’avancement de notre parti », a-t-il indiqué sur les réseaux sociaux.
Tundu Lissu, un opposant qui promet des réformes
Avocat de profession, Tundu Lissu était le candidat présidentiel de Chadema en 2020. Il avait dû fuir la Tanzanie après avoir survécu à une tentative d’assassinat en 2017, avant de revenir définitivement dans le pays en janvier 2023. Son retour a été facilité par quelques gestes d’ouverture du parti au pouvoir.
Lors de sa campagne pour la présidence du parti, Lissu accusait Mbowe d’être resté trop longtemps à la tête de Chadema. Il a promis d’engager des réformes au sein de la formation. Le nom du candidat que présentera Chadema pour le scrutin présidentiel n’est pas encore connu.
Des défis de taille pour l’opposition
Chadema a prévenu fin 2024 de son intention de « bloquer » les élections de 2025 en l’absence de réformes significatives du système électoral, une requête de longue date constamment ignorée par le parti au pouvoir. Pour Abel Kinyondo, professeur à l’Université de Dar es Salaam, les récentes querelles internes risquent de décevoir les électeurs et ont révélé de nombreuses faiblesses au sein du parti. Selon lui, la formation devra repenser sa stratégie après les élections.
Face à Chadema, le CCM a d’ores et déjà désigné à l’unanimité la présidente sortante Samia Suluhu Hassan comme candidate à sa réélection. Si elle avait montré quelques signes d’ouverture à son arrivée au pouvoir en 2021, autorisant notamment la publication de médias interdits par son prédécesseur John Magufuli, l’opposition l’accuse ces derniers mois de revenir aux pratiques autoritaires de ce dernier face à la multiplication des arrestations et des enlèvements.
Reste à voir si le changement de leadership au sein de Chadema permettra au parti de surmonter ses divisions internes et de s’imposer comme une alternative crédible lors des prochaines échéances électorales. Dans un contexte politique de plus en plus tendu, le principal parti d’opposition tanzanien aura fort à faire pour convaincre un électorat qui aspire au changement.
