ActualitésInternational

La Colombie déploie les forces spéciales face à la violence

Plongez au cœur du chaos en Colombie alors que l'armée tente de reprendre le contrôle face à une vague de violence sans précédent. Découvrez comment le pays est au bord de l'implosion dans cet article saisissant.

La Colombie est à nouveau sous le feu des projecteurs alors qu’une vague de violence sans précédent secoue le pays. Selon des sources proches du dossier, les forces spéciales colombiennes progressent actuellement dans les bastions des guérillas marxistes situés près de la frontière vénézuélienne, dans une tentative désespérée de rétablir l’autorité de l’État face à cette soudaine flambée de violences qui a contraint plus de 20 000 personnes à fuir leurs foyers.

Un pays au bord du gouffre

En l’espace de seulement six jours, les affrontements meurtriers entre groupes armés de gauche se disputant le contrôle des territoires, des plantations de coca et des routes du trafic de drogue ont fait plus d’une centaine de morts dans trois régions différentes du pays. Un bilan effroyable qui plonge la Colombie dans une crise humanitaire et sécuritaire majeure.

Tout a commencé jeudi dernier, lorsque la guérilla de l’ELN (Armée de libération nationale, d’obédience guévariste) a lancé une offensive sanglante contre des dissidents rivaux des anciennes FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et la population civile dans la région montagneuse du Catatumbo, à la frontière avec le Venezuela. Une attaque d’une violence inouïe qui a semé la terreur parmi les habitants.

Le sud du pays également touché

Malheureusement, le Catatumbo n’est pas la seule zone touchée par cette flambée de violence. Dans le sud du pays, ce sont cette fois des affrontements entre différentes factions dissidentes des FARC, celles ayant refusé l’accord de paix de 2016, qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le département amazonien de Guaviare. Un nouveau drame qui montre à quel point la situation est explosive dans de nombreuses régions reculées de Colombie.

Le nord du pays n’est pas épargné

Comme si cela ne suffisait pas, le nord du pays est lui aussi en proie à des violences. Dans le département de Bolivar, les combats opposant l’ELN au redoutable cartel de narcotrafiquants du Clan del Golfo ont fait au moins 9 morts de plus. Un énième épisode sanglant dans un pays où l’insécurité chronique est exacerbée par le trafic de drogue et les luttes de pouvoir entre groupes armés.

L’État colombien réagit

Face à cette situation explosive, surtout dans la région du Catatumbo, le gouvernement colombien a finalement décidé de réagir. Lundi, l’état d’urgence a été décrété et pas moins de 5000 soldats ont été déployés pour tenter de reprendre le contrôle. Une mobilisation massive qui montre l’ampleur de la crise.

Démonstration de force à la frontière

Mardi, les forces spéciales colombiennes ont marqué leur territoire en paradant de façon très ostensible dans la ville de Tibu, toute proche de la frontière vénézuélienne. Lourdement armés et vêtus de leurs tenues de camouflage, les militaires ont investi les rues à bord de leurs blindés, installant même un check-point sur une route bordée d’une végétation dense. Le message envoyé est clair : l’État entend montrer sa force et affirmer son autorité pour rassurer la population.

Des villages fantômes

Malgré cette démonstration de force, les villages alentours semblent s’être vidés de leurs habitants. Partout, des graffitis et des affiches signés des guérillas rappellent leur funeste présence. « ELN présent », « La libération ou la mort », peut-on lire sur les murs délabrés des maisons de bois et de tôle. Une atmosphère de désolation qui en dit long sur le traumatisme vécu par les civils pris entre les feux des groupes armés.

Les spectres du passé

Pour de nombreux Colombiens, cette résurgence de violences rappelle les heures les plus sombres de la guerre civile qui a déchiré le pays pendant plus d’un demi-siècle. Un conflit qui a fait environ 450 000 morts et des millions de déplacés. Des plaies encore vives dans la mémoire collective, ravivées par ces nouveaux affrontements d’une intensité inédite depuis des années.

Une crise humanitaire majeure

Au-delà des morts et des combats, c’est une véritable catastrophe humanitaire qui est en train de se jouer en Colombie. Outre les 20 000 personnes ayant dû fuir les violences, une trentaine d’autres ont été enlevées et un millier seraient bloquées chez elles, incapables de sortir à cause des affrontements selon les Nations unies.

Les meurtres de civils, y compris d’anciens combattants signataires de l’accord de paix de 2016, de défenseurs des droits humains et de leaders sociaux

Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU

Une situation alarmante qui a poussé Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, à condamner fermement « les meurtres de civils, y compris d’anciens combattants signataires de l’accord de paix de 2016, de défenseurs des droits humains et de leaders sociaux ». Il a également appelé à « un arrêt immédiat des actes de violence contre la population civile et à un accès sans entrave à l’aide humanitaire », soulignant l’urgence de la situation.

Un « échec de la nation » pour le président

Face à ce regain de violence incontrôlé, le président colombien Gustavo Petro a été contraint de suspendre les négociations de paix qu’il avait initiées avec l’ELN. Un aveu d’échec difficile pour ce dirigeant de gauche, élu sur la promesse d’une paix durable. « La situation du Catatumbo est instructive. On apprend aussi de ses échecs et il y a un échec ici. Un échec de la nation », a-t-il reconnu mardi, non sans amertume.

Pourquoi l’ELN, qui était très faible militairement il y a quelques mois, est-il fort aujourd’hui?

Gustavo Petro, président colombien

Le chef de l’État s’est même interrogé sur les raisons de la soudaine montée en puissance de l’ELN : « Pourquoi l’ELN, qui était très faible militairement il y a quelques mois, est-il fort aujourd’hui? ». Une question cruciale qui en dit long sur la complexité du problème et les défis immenses qui attendent encore la Colombie sur le chemin de la paix.

Un avenir incertain

Malgré la démobilisation de la majorité des FARC suite à l’accord de paix historique de 2016, force est de constater que la violence n’a jamais totalement disparu en Colombie. Des dissidents continuent de prospérer dans certaines régions reculées, se livrant au crime organisé et au narcotrafic. Quant à l’ELN et ses quelques 6000 combattants, les pourparlers de paix semblent aujourd’hui plus que compromis.

Pour le président Petro, c’est un revers cinglant. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, il peine à concrétiser ses promesses de paix avec les différentes guérillas, gangs et cartels. Une situation qui lui vaut les critiques de ses détracteurs, l’accusant de faiblesse face aux groupes armés. Pourtant, la route vers une Colombie apaisée s’annonce encore longue et semée d’embûches.

Dans ce contexte, le déploiement massif des forces armées dans le Catatumbo apparaît comme une réponse d’urgence à une crise qui menace de déstabiliser tout le pays. Mais au-delà de la démonstration de force, c’est un véritable travail de fond qui devra être mené pour s’attaquer aux racines du mal : la pauvreté, les inégalités, l’absence de l’État dans certaines zones, et bien sûr le fléau du narcotrafic qui gangrène la société colombienne depuis des décennies.

Une fois la paix revenue, le plus dur restera à faire pour reconstruire un pays meurtri et offrir un avenir à une population qui a déjà tant souffert. Un immense défi pour la Colombie, qui devra plus que jamais faire preuve de résilience et d’unité si elle veut tourner définitivement la page de la violence. L’espoir d’une nation qui aspire depuis trop longtemps à vivre en paix.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.