Les relations commerciales entre les États-Unis et l’Union Européenne s’enveniment une nouvelle fois. Lors d’une conférence de presse ce mardi, le président américain Donald Trump a brandi la menace de droits de douane contre les pays européens, estimant que c’est le seul moyen pour son pays d’être traité équitablement. Une escalade qui risque de déclencher une véritable guerre commerciale transatlantique.
Trump dénonce un déficit commercial de 350 milliards avec l’UE
Selon le locataire de la Maison Blanche, l’Union Européenne profiterait de la première puissance économique mondiale. Il pointe du doigt un déficit commercial américain de 350 milliards de dollars vis-à-vis du bloc européen, un chiffre qu’il avait déjà mis en avant durant sa campagne présidentielle en comparant l’UE à une « petite Chine ».
Donald Trump ne mâche pas ses mots en parlant de l’attitude européenne : « L’UE est très mauvaise pour nous. Ils nous traitent très mal. Ils ne prennent pas nos voitures ou nos produits agricoles. En fait ils ne prennent pas grand-chose », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Donc ils sont bons pour des droits de douane ». Un ton menaçant qui ne présage rien de bon pour les relations commerciales futures entre les deux rives de l’Atlantique.
Un déficit concentré sur quelques pays
Si le chiffre global de 350 milliards avancé par Trump paraît exagéré, les données du représentant au Commerce américain (USTR) confirment néanmoins un important déficit commercial en 2023, de l’ordre de 131 milliards de dollars. Un déséquilibre qui se concentre essentiellement sur quatre pays européens :
- L’Allemagne, avec un déficit de nature principalement industrielle
- La France
- L’Irlande, en grande partie dû à l’installation des sièges européens de grands groupes américains profitant d’une fiscalité avantageuse
- L’Italie
Une situation que le président américain juge inacceptable et qu’il entend bien rééquilibrer, quitte à déclencher une guerre commerciale en imposant des droits de douane sur les produits européens.
Des menaces récurrentes depuis son premier mandat
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump agite le chiffon rouge des droits de douane face à l’Europe. Déjà lors de son premier mandat, il avait menacé d’en imposer si l’UE n’augmentait pas ses achats en pétrole et gaz américains.
Il était aussi passé à l’acte en instaurant des taxes sur une série de produits européens, en représailles au différend commercial opposant Washington et Bruxelles quant à leurs subventions respectives à leurs constructeurs aéronautiques, Boeing et Airbus. Un conflit de longue date qui avait dégénéré en une surenchère de sanctions.
L’Europe prête à répliquer
Face à ces menaces répétées, les Européens se veulent fermes. Déjà en 2021, alors que Trump brandissait le spectre des droits de douane, la Commission européenne avait averti qu’elle était « prête à défendre ses intérêts » si Washington concrétisait ses menaces.
Selon une source proche des instances européennes, l’UE n’a pas l’intention de se laisser faire et préparerait des mesures de rétorsion en cas de nouvelles taxes américaines. Bruxelles pourrait cibler des produits symboliques comme les motos Harley-Davidson, le bourbon ou encore les jeans.
Nous ne voulons pas d’une guerre commerciale mais nous ne la craignons pas non plus. S’il le faut, nous riposterons de manière proportionnée mais ferme pour défendre les intérêts européens.
Un diplomate européen
Vers une nouvelle escalade des tensions ?
Les déclarations de Donald Trump constituent indéniablement une nouvelle étape dans l’escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et l’Union Européenne. Après avoir imposé des droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens en 2019, puis menacé de taxer les automobiles, le président américain semble déterminé à obtenir des concessions de la part de ses partenaires de l’autre côté de l’Atlantique.
Mais cette stratégie du bras de fer comporte de nombreux risques, tant économiques que diplomatiques. Une guerre commerciale à coup de droits de douane réciproques pénaliserait les entreprises et les consommateurs des deux côtés, sans régler les déséquilibres structurels.
Sur le plan géopolitique, une telle confrontation affaiblirait durablement le partenariat transatlantique, pourtant crucial face aux défis mondiaux comme le changement climatique, le terrorisme ou encore la montée en puissance de la Chine. Les Européens pourraient être tentés de se tourner davantage vers d’autres alliés.
Quel impact pour les entreprises et les consommateurs ?
Si les menaces de Donald Trump se concrétisent, les conséquences pourraient être lourdes pour de nombreux secteurs économiques des deux côtés de l’Atlantique. Côté européen, les constructeurs automobiles allemands, très présents sur le marché américain, seraient en première ligne, tout comme les producteurs de vins et spiritueux ou encore l’aéronautique.
Aux États-Unis, les agriculteurs pourraient pâtir de droits de douane réciproques sur leurs exportations, dans un contexte déjà difficile marqué par les conséquences de la pandémie et les tensions avec la Chine. Certains biens de consommation importés d’Europe pourraient aussi voir leurs prix augmenter pour le consommateur américain.
Plus largement, un tel regain de protectionnisme fragiliserait la reprise économique mondiale, encore précaire, et minerait la confiance des investisseurs et des marchés. Les entreprises opérant des deux côtés de l’Atlantique seraient confrontées à une incertitude accrue et pourraient revoir leurs projets d’investissements et d’embauches.
La nécessité d’un dialogue constructif
Pour éviter une telle escalade aux conséquences néfastes, Américains et Européens doivent impérativement renouer le dialogue afin de trouver des solutions concertées à leurs différends commerciaux. Cela passe par la relance de négociations ambitieuses visant à faciliter les échanges et les investissements, tout en prenant en compte les inquiétudes de chaque partie.
La nomination récente d’un nouveau représentant au Commerce côté américain et l’arrivée prochaine d’une nouvelle administration en Allemagne, poids lourd européen, pourraient offrir une fenêtre d’opportunité pour apaiser les tensions. Mais cela nécessitera des concessions de part et d’autre, ainsi qu’une volonté politique réelle de préserver ce partenariat essentiel.
À défaut, c’est la perspective d’une guerre commerciale coûteuse et contre-productive qui se profile, au détriment des entreprises, des emplois et de la prospérité des citoyens des deux rives de l’Atlantique. Un scénario que personne ne peut souhaiter dans un monde déjà marqué par de nombreuses fractures et incertitudes.