C’est un message fort que Marco Rubio, le tout nouveau Secrétaire d’État américain connu pour ses positions fermes envers la Chine, a voulu envoyer dès sa prise de fonction. Pour son tout premier acte officiel, il a en effet choisi de réunir ses homologues de trois pays alliés clés des États-Unis en Asie : le Japon, l’Inde et l’Australie.
Cette rencontre, qui s’est tenue ce mardi dans les locaux du département d’État à Washington, revêt un caractère hautement symbolique. Car au-delà des relations bilatérales, ces trois pays constituent ensemble une alliance de fait visant à contrebalancer l’influence grandissante de la Chine, non seulement dans la région Asie-Pacifique mais aussi au niveau mondial.
Une prise de fonction sous le signe de la continuité
Bien que très attendu pour ses premières actions, Marco Rubio s’est montré discret lors de cette réunion à huis clos. Aucune déclaration n’a été faite à la presse. Le nouveau chef de la diplomatie américaine devait ensuite s’entretenir individuellement avec chacun de ses trois hôtes : le ministre japonais des Affaires étrangères Iwaya Takeshi, son homologue indien Subrahmanyam Jaishankar, et la ministre australienne Penny Wong.
Mais avant cela, le sénateur républicain d’origine cubaine a officiellement pris ses fonctions lors d’une cérémonie en présence du vice-président J.D Vance. Un moment solennel, où il a brièvement prononcé quelques mots en espagnol, sa langue maternelle, avant de faire une arrivée remarquée et sous les applaudissements au siège du département d’État.
Agé de 53 ans, Marco Rubio succède donc à Antony Blinken à la tête de la diplomatie américaine. Sa nomination par le président Donald Trump avait été confirmée à l’unanimité par le Sénat lundi soir. Un signe de consensus politique sur les grandes orientations de politique étrangère, malgré les clivages partisans.
« L’Amérique d’abord », mais pas seulement
Devant les centaines d’employés du département réunis pour l’occasion, Marco Rubio a tenu à rappeler les priorités qui guideront son action. « Notre mission est de veiller à ce que notre politique étrangère soit axée sur une seule chose : la promotion de notre intérêt national », a-t-il affirmé, reprenant ainsi le crédo trumpiste de « l’Amérique d’abord ».
Mais le nouveau secrétaire d’État a également souligné que l’« objectif primordial sera de promouvoir la paix et d’éviter les conflits » dans le monde. Un équilibre subtil, qui consistera à définir l’intérêt national américain de manière large.
« Je m’attends à ce que tous les pays défendent leurs intérêts nationaux. Et dans les cas – et j’espère qu’il y en aura beaucoup – où nos intérêts et les leurs s’accordent, nous nous réjouissons de travailler avec eux »
a déclaré Marco Rubio
Une main tendue, mais ferme. Car le secrétaire d’État a aussi prévenu qu’il y aurait « malheureusement des moments où il y aura des conflits ». Des situations où les États-Unis chercheront à « les prévenir et les éviter », mais « jamais au détriment de notre sécurité nationale, jamais au détriment de notre intérêt national et jamais au détriment de nos valeurs fondamentales en tant que nation et en tant que peuple ».
Replacer la diplomatie au cœur de la politique étrangère
Au-delà de la défense des intérêts, Marco Rubio a affiché sa volonté de redonner au département d’État et à l’outil diplomatique une place centrale dans l’élaboration et la conduite de la politique étrangère américaine. Un virage après la présidence Trump, qui avait souvent court-circuité le département au profit de canaux plus informels et politiques.
Cette volonté affichée suffira-t-elle à endiguer la vague de démissions de diplomates de carrière qui a suivi l’arrivée de la nouvelle administration ? L’avenir le dira. Mais en choisissant de rencontrer en priorité ses principaux alliés d’Asie, Marco Rubio envoie un signal clair : la compétition stratégique avec la Chine sera au cœur de son action.
Face à un tel défi, le nouveau secrétaire d’État aura plus que jamais besoin d’une diplomatie forte et soudée. Car si « l’Amérique d’abord » reste le cap, elle ne pourra pas faire cavalier seul dans cette région clé du globe. Les alliances traditionnelles, à commencer par celles nouées avec le Japon, l’Inde et l’Australie, seront essentielles pour préserver l’équilibre des pouvoirs et défendre les intérêts vitaux des États-Unis.
Un premier test grandeur nature attend d’ailleurs Marco Rubio dans les prochains jours, avec une tournée prévue dans plusieurs pays d’Asie. L’occasion de mesurer sur le terrain la solidité de ces partenariats face aux ambitions chinoises. Et de démontrer que sous sa houlette, la diplomatie américaine est de retour, avec un nouveau style mais une même détermination à peser sur le cours des événements mondiaux.