Le gouvernement du président américain Donald Trump vient de prendre une décision fracassante en limogeant l’amirale Linda Fagan, première femme dans l’histoire à avoir occupé le poste de commandant en chef d’une des six branches de l’armée américaine, en l’occurrence les Gardes-côtes. Cette annonce retentissante soulève de nombreuses questions.
Une carrière exemplaire brutalement interrompue
Linda Fagan était entrée dans l’histoire en juin 2022 lorsqu’elle avait été nommée à la tête des Gardes-côtes américains, brisant ainsi le plafond de verre dans une institution encore très masculine. Son parcours était remarquable à plus d’un titre :
Elle a servi sur les sept continents, des glaces de l’île de Ross, en Antarctique, au cœur de l’Afrique, de Tokyo à Genève, en passant par de nombreux ports.
Biographie archivée de Linda Fagan
Malgré cette carrière exemplaire, l’amirale Fagan a été remerciée mardi par Benjamine Huffman, secrétaire par intérim du ministère de la Sécurité intérieure. Si les termes du message sont polis, remerciant Fagan pour « les services qu’elle a rendus à notre nation », les raisons de ce limogeage soudain demeurent troubles.
Des justifications controversées
Un haut responsable anonyme du DHS, ministère dont dépendent les Gardes-côtes, a avancé plusieurs arguments pour justifier le renvoi de l’amirale Fagan :
- Des lacunes de commandement et des échecs opérationnels
- Une incapacité à faire progresser les objectifs stratégiques des Gardes-côtes
- Un échec dans la gestion des menaces pesant sur la sécurité des frontières
- Une emphase excessive sur les initiatives en faveur de la diversité et de l’inclusion dans l’armée
- Une érosion de la confiance dans l’institution à cause d’une enquête sur des agressions sexuelles mal gérée
Ces justifications font clairement écho aux priorités politiques martelées par Donald Trump et son camp républicain, très critiques sur les questions de diversité et d’immigration. Le président Trump a d’ailleurs déclaré l’urgence nationale à la frontière mexicaine dès son premier jour de mandat. Mais au-delà de ces motivations, la décision interroge.
Un limogeage qui en annonce d’autres ?
Ce renvoi brutal d’une pionnière respectée pourrait n’être que la première étape d’une vaste reprise en main de l’état-major américain sous l’administration Trump. Pete Hegseth, choix du président pour diriger le Pentagone, avait prévenu la semaine dernière que tous les officiers supérieurs seraient évalués sur leurs résultats et leur loyauté.
Hegseth, connu pour avoir contesté par le passé la présence des femmes dans les unités de combat, s’est défendu de tout sexisme lors de son audition au Sénat, affirmant respecter toutes les femmes militaires. Mais pour ses détracteurs, l’éviction de l’amirale Fagan donne un tout autre signal, celui d’une armée américaine où les minorités et la diversité ne sont plus les bienvenues. Une conception bien éloignée des valeurs longtemps mises en avant par les États-Unis.
Le limogeage de Linda Fagan ouvre donc une période d’incertitude pour le Pentagone, dans un contexte géopolitique pourtant déjà fort instable. Entre volonté de reprise en main idéologique et nécessaire efficacité opérationnelle, l’administration Trump joue un jeu dangereux qui pourrait affecter durablement la cohésion et l’image des forces armées américaines. Une situation à suivre de près dans les prochains mois.