La France reste la reine incontestée du tourisme mondial en 2024, accueillant la bagatelle de 100 millions de visiteurs étrangers. Un record qui ne cache cependant pas l’âpre concurrence livrée par sa voisine ibérique. Car si l’Hexagone attire plus de monde, l’Espagne, elle, engrange plus de recettes. De quoi donner quelques sueurs froides aux professionnels de l’industrie touristique française.
La France et l’Espagne, destination stars mais modèles divergents
2024 signe le grand retour du tourisme international, avec près de 1,4 milliard de voyageurs selon l’ONU Tourisme. Un rebond spectaculaire après les années moroses du Covid-19, dont la France et l’Espagne ont su tirer profit. Les deux pays annoncent en effet des chiffres de fréquentation records :
- La France a séduit 100 millions de touristes étrangers, 2 millions de plus qu’en 2023, engrangeant 71 milliards d’euros de recettes.
- L’Espagne a accueilli 94 millions de visiteurs, mais a généré 126 milliards d’euros de revenus.
Un contraste saisissant qui s’explique par la durée de séjour, selon la ministre française du Tourisme :
Plus que le nombre de touristes, c’est la dépense générée qui est importante. Nous devons travailler dans le but d’augmenter le panier moyen par visiteur et faire rester nos visiteurs plus longtemps.
Nathalie Delattre, ministre française du Tourisme
La France face à la concurrence grandissante du Sud
La France doit plus que jamais faire face à une concurrence féroce des pays du Sud de l’Europe comme l’Espagne, l’Italie ou la Grèce. Des destinations qui misent sur un positionnement haut de gamme et des séjours prolongés pour booster leurs recettes. Une stratégie payante qu’il est urgent d’adopter pour l’Hexagone selon les professionnels :
Il faut capitaliser au mieux sur l’effet JO. Des investissements et une mobilisation de tous les acteurs sont nécessaires.
Dominique Marcel, président de l’Alliance France Tourisme
Miser sur le tourisme durable et l’hôtellerie haut de gamme
Pour relever le défi, la ministre du Tourisme annonce une double priorité : faire de la France la première destination de tourisme durable d’ici 2030 et améliorer l’offre hôtelière, notamment haut de gamme.
La France compte actuellement 31 palaces, avec 18 nouveaux candidats à la distinction cette année. Une bonne nouvelle, mais il faut encore rénover et moderniser de nombreux établissements vieillissants dans toutes les catégories.
Une année 2024 record et des perspectives prometteuses
Malgré ces défis, l’année touristique 2024 reste exceptionnelle pour la France :
- Hausse de 7,3% des nuitées pour la clientèle internationale, portée par l’hébergement locatif (+16,4%).
- Les Américains deviennent une clientèle incontournable avec un fort pouvoir d’achat (+5% de nuitées).
- Progression de 12% des recettes internationales, tirées par les clientèles européennes et américaine.
- Important rebond des vacances de fin d’année avec un taux d’occupation de 85% dans les stations de ski.
Et les perspectives pour 2025 sont au beau fixe, avec une hausse de la fréquentation attendue au 1er trimestre :
- Les arrivées aériennes internationales progressent de 10% par rapport à 2024.
- Forte croissance des visiteurs américains (+15%), brésiliens et indiens (+7%) et chinois (+16%).
- Le taux d’occupation des hôtels parisiens grimpe de 7 points en janvier et 4 points en février.
La France a donc toutes les cartes en main pour garder son trône de première destination touristique mondiale. À condition d’investir efficacement pour enrichir son offre et convaincre les visiteurs de prolonger leur séjour. Un défi certes ambitieux, mais nécessaire pour ne pas se faire dépasser par une concurrence particulièrement affûtée.
