C’est un nouveau chapitre qui s’écrit dans la sombre histoire des « bébés volés » en Argentine. L’organisation des Grands-mères de la Place de Mai a annoncé une découverte bouleversante : l’identification de la « petite-fille N° 139 », près d’un demi-siècle après sa naissance. Cette annonce ravive l’espoir pour les centaines de familles toujours en quête de leurs enfants disparus sous la dictature militaire.
Un Enfant Arraché, Une Identité Restaurée
Selon les informations dévoilées par Estela de Carlotto, présidente des Grands-mères, l’enfant 139 serait une femme née entre janvier et février 1978. Ses parents biologiques, Noemi Beatriz Macedo et Daniel Alfredo Inama, étaient des militants marxistes-léninistes enlevés en novembre 1977 et portés disparus depuis. Grâce à des tests ADN, son identité véritable a pu être confirmée, lui permettant enfin de renouer avec ses racines et sa famille.
Des Retrouvailles Empreintes d’Émotion
L’annonce a été faite depuis l’Espace de Mémoire de Buenos Aires, lieu symbolique abritant l’ancien centre clandestin de torture de l’ESMA. Ramon, l’un des frères biologiques de l’enfant 139, était présent pour ce moment chargé d’émotion. Comme le veut la tradition, le nom de la « petite-fille » n’a pas été révélé, lui laissant le choix de le faire si elle le souhaite.
Bienvenue, petite-fille N°139 ! Inexorablement, la vérité sur les crimes de la dictature continue de sortir au jour.
Estela de Carlotto, présidente des Grands-mères de la Place de Mai
Un Combat Sans Relâche Pour la Vérité
Depuis 47 ans, les Grands-mères de la Place de Mai mènent une lutte acharnée pour retrouver les enfants volés sous la dictature. On estime qu’au moins 300 bébés ont été arrachés à leurs mères détenues et donnés à des familles proches du régime. À ce jour, 139 d’entre eux ont pu recouvrer leur véritable identité, parfois au terme de bouleversantes réunions avec leur famille biologique. Mais pour beaucoup, ces retrouvailles arrivent trop tard, leurs proches ayant déjà disparu.
L’Ombre de la Dictature Plane Toujours
Si le bilan de la dictature argentine fait encore débat, les ONG de défense des droits humains estiment à 30 000 le nombre de personnes mortes ou disparues entre 1976 et 1983. Un chiffre contesté par certains, à l’instar du président Javier Milei qui évoque moins de 9000 victimes. Mais au-delà des polémiques, chaque enfant retrouvé est une victoire contre l’oubli et l’impunité.
L’histoire de l’enfant 139 nous rappelle que la quête de vérité et de justice est un combat de tous les instants. Grâce à la ténacité des Grands-mères de la Place de Mai, une nouvelle pièce du puzzle vient de s’assembler. Mais tant qu’il restera des familles en souffrance, leur lutte se poursuivra, pour que plus jamais de tels crimes ne se reproduisent.