L’Association internationale du transport aérien (Iata) a vivement critiqué mardi la politique française en matière de taxes sur le transport aérien. Son directeur général, Willie Walsh, a qualifié la France de « schizophrène » pour son choix d’alourdir la fiscalité du secteur aérien, alors même qu’elle abrite des géants mondiaux comme Airbus ou Safran.
Des hausses de taxes qui menacent la compétitivité
Selon la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam), le surcoût fiscal pour l’aviation française devrait atteindre 1,2 milliard d’euros sur l’année en cours. Entre augmentations des redevances de navigation aérienne, coût de la transition énergétique lié au paquet européen « Fit for 55 » et hausse de taxes comme la taxe de solidarité sur les billets d’avion, les professionnels s’inquiètent d’un « déclin inexorable » du secteur en France.
Si vous êtes sincères dans votre envie d’affronter les problèmes environnementaux, les taxes ne sont pas la solution.
Willie Walsh, directeur général de l’Iata
Pour Willie Walsh, ancien patron de British Airways et d’IAG, ces taxes ne règlent en rien les défis environnementaux. Il plaide plutôt pour des avancées technologiques afin de réduire l’impact environnemental du transport aérien.
Le ciel unique européen, une solution sans investissement
Parmi les pistes avancées par le dirigeant de l’Iata figure le projet de « ciel unique européen ». Cette réforme visant à réorganiser le trafic aérien en Europe, entamée il y a près de 20 ans, permettrait selon lui de réduire de 10% les émissions de CO2 du secteur, sans nécessiter d’investissement majeur contrairement à l’évolution technologique des avions.
À titre de comparaison, M. Walsh indique que la suppression des vols les plus courts, là où le train est une alternative pratique, n’apporterait qu’une baisse de 3,8% des émissions.
L’aviation vise le « zéro émission nette » en 2050
Représentant actuellement environ 3% des émissions mondiales de CO2, le transport aérien s’est engagé à atteindre un objectif de « zéro émission nette » à l’horizon 2050. Pour y parvenir, le secteur mise à 65% sur le développement de carburants d’aviation durables (SAF).
Le reste des réductions d’émissions devra provenir de nouvelles technologies comme l’avion à hydrogène, d’une optimisation des activités au sol et en vol, ainsi que de mécanismes de compensation carbone.
Face à ces enjeux environnementaux et économiques majeurs, les acteurs de l’aviation française appellent les pouvoirs publics à ne pas entraver la compétitivité du secteur par une fiscalité trop lourde. Un équilibre délicat à trouver entre transition écologique et maintien d’une filière stratégique pour l’économie nationale.