Imaginez un instant entretenir une relation amoureuse avec une célébrité hollywoodienne, lui versant des centaines de milliers d’euros pour l’aider dans une situation difficile. C’est le piège dans lequel est tombée Anne, une Française de 53 ans, qui croyait avoir trouvé l’amour avec Brad Pitt. Seulement voilà, derrière le profil de la star se cachaient en réalité des escrocs nigérians exploitant l’intelligence artificielle (IA) pour façonner leur leurre de catfishing high-tech.
Un « Brad Pitt » virtuel pour une arnaque bien réelle
Tout a commencé sur Instagram lorsqu’Anne a été approchée par quelqu’un se faisant passer pour la mère de Brad Pitt, après avoir partagé des photos d’elle skiant dans les Alpes françaises. S’en est suivie une prétendue idylle avec l’acteur lui-même, étayée par des clichés générés par IA pour donner l’illusion d’une relation authentique.
Les escrocs ont alors prétendu que la star avait besoin de toute urgence de 850 000 dollars pour régler des frais médicaux, ses comptes étant soi-disant gelés en raison de son divorce tumultueux avec Angelina Jolie. Aveuglée par l’amour, Anne a cédé, vidant son épargne pour aider son prince charmant virtuel.
La traque des « Yahoo Boys » high-tech
Déterminée à retrouver ses malfaiteurs, Anne et son avocate ont fait appel à un spécialiste en investigation numérique. D’après ses recherches, trois jeunes Nigérians d’une vingtaine d’années seraient derrière cette escroquerie 2.0, profitant des failles de sécurité de leur pays pour opérer.
Au Nigeria, les fraudeurs en ligne sont connus sous le nom de « Yahoo Boys », certains étant même célébrés dans la culture populaire. Mais avec l’essor de l’IA, leurs méthodes deviennent de plus en plus sophistiquées, combinant deepfakes et ingénierie sociale pour piéger leurs victimes.
Le recours à l’IA et au deepfake va effacer les énormes progrès réalisés et nous ramener plus de 20 ans en arrière dans la lutte contre ces criminels.
Timothy Avele, expert en cybercriminalité
Un phénomène en pleine expansion
Le cas d’Anne est loin d’être isolé. Ces derniers mois, les réseaux sociaux ont dû supprimer des dizaines de milliers de faux profils liés à des tentatives d’escroquerie, de l’arnaque amoureuse à la sextorsion. Et les « syndicats étrangers de la cybercriminalité » profitent des failles de sécurité du Nigeria pour y installer leurs quartiers généraux.
Face à cette menace grandissante, les autorités nigérianes assurent être prêtes à s’attaquer aux crimes basés sur l’IA. Mais pour les victimes comme Anne, le mal est déjà fait, happées par des arnaques de plus en plus indétectables. Une chose est sûre : l’ère des escroqueries 2.0 ne fait que commencer.