Comme chaque hiver, le Forum économique mondial de Davos rassemble l’élite politique et économique internationale. Mais cette année, malgré son absence, une personnalité monopolise toutes les conversations : Donald Trump. Fraîchement investi pour un second mandat, le 47e président américain hante les esprits à Davos, entre fascination et inquiétude.
L' »éléphant » Trump dans la station suisse
Dès le lancement des festivités lundi soir, l’ombre de Trump planait. Tandis que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et son homologue chinois Ding Xuexiang évitaient soigneusement de le nommer, de nombreux écrans retransmettaient en direct l’investiture à Washington, captivant l’attention des participants. Selon Graham Allison, vétéran du forum et professeur à Harvard :
Tout le monde est fasciné, quelques-uns sont terrifiés, certains sont amusés en se disant que ce sera excitant. Mais la plupart sont incertains.
Graham Allison, professeur à Harvard
Un sentiment d’incertitude domine
Au-delà de la fascination, c’est bien l’incertitude qui règne en maître à Davos face au tempétueux locataire de la Maison-Blanche. Beaucoup attendent fébriles son intervention par visioconférence prévue jeudi pour se faire une idée de la politique qu’il entend mener. Une dirigeante helvétique confie sous couvert d’anonymat :
Nous devons voir d’abord s’il va faire ce qu’il a annoncé. Aujourd’hui l’Amérique est prête à tout pour réussir.
Un sentiment partagé par Jemilah Mahmood, directrice d’un centre de santé malaisien, qui souligne que les décisions de Trump « vont affecter notre travail et la vie des gens ». Les récentes sorties des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat et de l’OMS, annoncées dès lundi, n’ont fait que renforcer les craintes.
Entre admiration et inquiétude des milieux d’affaires
Du côté du monde économique, le malaise est palpable. Si certains admirent le parcours de cet homme d’affaires devenu président, beaucoup redoutent ses réflexes protectionnistes, à l’opposé de l’esprit de Davos. Un participant confie, badge dissimulé :
Je suis extrêmement optimiste, très heureux et euphorique pour le monde après l’inauguration de Trump. On a de l’espoir.
Mais tous s’accordent sur l’imprévisibilité du personnage. Le monde académique s’inquiète particulièrement des conséquences du trumpisme sur la recherche et la coopération internationale.
Un forum sous influence trumpienne malgré tout
Bien que la figure de Trump ne monopolise pas complètement les débats, l’influent milliardaire est dans tous les esprits, forçant chacun à se positionner. Comme le résume Jemilah Mahmood : « Trump sera au pouvoir pour quatre ans, et les défis que l’on traverse dureront plus de quatre ans ». En attendant le discours présidentiel de jeudi, Davos retient son souffle, conscient que l’onde de choc trumpienne ne fait que commencer.
Malgré la fascination qu’exerce le 45e président américain, l’élite mondiale réunie en Suisse tente de se concentrer sur les nombreux autres défis du moment. Des sujets cruciaux comme le réchauffement climatique, les inégalités ou l’avenir du multilatéralisme restent au cœur des échanges. Mais difficile d’ignorer l’ombre de Trump, même quand il est absent.
Selon des experts interrogés en marge du forum, cette édition 2025 pourrait marquer un tournant. Entre espoirs de relance et craintes de tensions accrues, Davos navigue en eaux troubles. Une seule certitude : plus que jamais, le monde a les yeux rivés sur Washington. Et sur cet « éléphant » nommé Trump, qui bouscule les équilibres jusque dans les sommets enneigés de Suisse.