Dans la course effrénée vers l’intelligence artificielle générative, une start-up tricolore compte bien tirer son épingle du jeu. Fondée en avril 2023, Mistral affiche déjà de grandes ambitions, en témoigne l’annonce faite par son co-fondateur lors du forum économique de Davos. Arthur Mensch, ingénieur passé par Google et Meta, a en effet révélé à Bloomberg TV que l’introduction en Bourse faisait partie des plans de la jeune pousse.
Une indépendance chèrement acquise
En moins d’un an d’existence, Mistral a réussi l’exploit de lever plus d’un milliard d’euros, dont 600 millions en juin dernier, lui conférant une valorisation proche des 6 milliards. Un tour de force rendu possible par la qualité de ses modèles d’IA générative, capables selon l’entreprise de rivaliser avec ceux des géants du secteur comme Meta, Google ou OpenAI, créateur du célèbre ChatGPT.
Mais cette manne financière a un prix : celui de l’indépendance. Une valeur « à laquelle nous tenons beaucoup », a martelé Arthur Mensch, soulignant que Mistral n’était « pas à vendre ». L’introduction en Bourse apparaît donc comme la meilleure option pour poursuivre le développement tout en préservant l’autonomie de l’entreprise.
Des besoins en puissance de calcul
Si Mistral a pu accomplir des prouesses technologiques avec moins de ressources que ses rivaux, l’écart reste conséquent. « Nous avons beaucoup de puissance de calcul mais moins que nos concurrents », a concédé Arthur Mensch. Un handicap de taille quand on sait que l’entraînement de modèles d’IA toujours plus performants exige des capacités informatiques colossales, et donc des investissements massifs.
À titre de comparaison, xAI, l’entreprise d’IA d’Elon Musk, vient de boucler un tour de table de 6 milliards de dollars. Microsoft a de son côté injecté 6,6 milliards dans OpenAI. Nul doute que la pépite française devra muscler ses financements pour rester dans la course. « Nous allons évidemment continuer à nous développer, ce qui nécessiterait de lever de nouveaux fonds », a d’ailleurs prévenu Arthur Mensch.
Un partenariat stratégique avec l’AFP
En attendant, Mistral consolide ses atouts. Mi-janvier, la start-up a signé un accord avec l’Agence France-Presse (AFP) autorisant son robot conversationnel à exploiter les dépêches de l’agence pour répondre aux requêtes des utilisateurs. Une alliance win-win offrant à l’AFP un relais de croissance dans l’IA et à Mistral un accès à une base de connaissances unique pour perfectionner son chatbot.
Quelle stratégie boursière ?
Reste à savoir quand et où Mistral fera ses premiers pas en Bourse. Son patron n’a donné aucun calendrier, se contentant d’affirmer que c’était « évidemment le plan ». Le choix de la place boursière sera également crucial. Euronext Paris pour affirmer l’ancrage européen ? Le Nasdaq américain pour profiter de la tech-mania ? Ou pourquoi pas une double cotation ?
Les modalités de l’opération seront tout aussi déterminantes. Introduction classique, SPAC, direct listing ? Et surtout, à quel prix ? Mistral devra trouver le juste équilibre entre levée de fonds et dilution du capital. Un sacré défi pour une licorne encore jeune mais déjà courtisée. L’avenir nous dira si la French Tech a enfanté un nouveau champion de l’IA, capable de tutoyer les mastodontes américains et chinois. Une chose est sûre : Mistral entend bien faire entendre sa voix dans la révolution de l’IA générative !