Le président américain Donald Trump a lancé une véritable bombe dans la lutte mondiale contre le changement climatique. Lundi, il a signé un décret présidentiel puis une lettre aux Nations unies pour enclencher le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Une décision lourde de conséquences qui interviendra officiellement dans un an.
Pourtant, comme l’a souligné Simon Stiell, le chef de l’ONU Climat, lors du Forum économique mondial de Davos, la réalité du changement climatique ne fait que s’aggraver. Les deux dernières années ont vu les températures moyennes dépasser la limite de 1,5°C de réchauffement fixée par l’accord de Paris. Les désastres climatiques empirent d’année en année.
Une décision à contre-courant de l’urgence climatique
En décidant de se retirer de cet accord historique adopté en 2015, les États-Unis vont à l’encontre du consensus scientifique sur le climat. Comme l’a rappelé M. Stiell, « la science est bien plus significative que les quelques voix qui la remettent en cause ». Malheureusement, cette même science a été « transformée en arme » par certains acteurs politiques.
L’accord de Paris, ratifié par la quasi-totalité des pays du monde à l’exception de l’Iran, du Yémen et de la Libye, fixe un objectif collectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Chaque pays s’engage sur des objectifs nationaux, avec l’obligation de les revoir régulièrement à la hausse. Un mécanisme crucial pour tenter de limiter le réchauffement planétaire et ses conséquences désastreuses.
Une transition verte inéluctable
Pour Simon Stiell, le mouvement de transition vers une économie verte et décarbonée est désormais « inarrêtable ». Que ce soit sous la pression des citoyens, des investisseurs ou des entreprises, la dynamique s’accélère partout dans le monde. Ceux qui choisissent de rester en retrait « créent un vide qui sera comblé par d’autres, qui en tireront profit », met en garde le secrétaire exécutif de l’ONU Climat.
Il faut souligner les opportunités et parler un langage qui trouve écho dans les cœurs et les esprits des gens ordinaires à travers le monde.
Simon Stiell, secrétaire exécutif de l’ONU Climat
Au-delà des risques, la lutte contre le changement climatique représente en effet d’immenses opportunités économiques et sociales. Développement des énergies renouvelables, rénovation thermique des bâtiments, mobilité durable, agriculture régénérative… Les solutions existent et n’attendent qu’à être déployées à grande échelle. Encore faut-il une volonté politique forte et des signaux clairs envoyés aux acteurs économiques.
La pression monte sur les États
Le retrait américain de l’accord de Paris représente indéniablement un coup dur pour la coopération climatique internationale. Mais il pourrait aussi avoir l’effet inverse et renforcer la détermination des autres pays à agir. L’Union européenne, la Chine ou encore l’Inde ont réaffirmé ces derniers mois leurs engagements en faveur du climat, conscients des enjeux à long terme.
Même aux États-Unis, de nombreux États, villes et entreprises ont décidé de poursuivre leurs efforts malgré le revirement de l’administration Trump. La pression de la société civile et de l’opinion publique ne cesse de grandir pour exiger des actions à la hauteur des défis. Personne ne pourra rester longtemps à l’écart de ce combat vital pour l’avenir de l’humanité.
Le secrétaire général des Nations unies António Guterres a appelé tous les pays à revoir à la hausse leurs ambitions climatiques d’ici la fin de l’année, dans le cadre du processus prévu par l’accord de Paris. Un test grandeur nature qui dira si le multilatéralisme est capable de répondre aux enjeux existentiels de notre temps.
Face à l’ampleur et à l’urgence de la crise climatique, il n’y a plus de temps à perdre en tergiversations politiques. Chaque dixième de degré compte pour préserver un monde vivable et limiter les souffrances de millions de personnes. L’heure est venue de passer des paroles aux actes, avec ou sans les États-Unis.