C’est dans un contexte international tendu que s’est ouvert ce mardi le Forum économique mondial de Davos, en Suisse. Alors que Donald Trump vient d’entamer son second mandat à la Maison-Blanche, les regards restent braqués vers Washington, dans l’attente des premières annonces du 47e président des États-Unis. Et selon une source proche du dossier, l’Europe et la Chine pourraient bien figurer parmi les premières cibles de l’administration Trump 2.0.
L’Europe et la Chine en première ligne
En attendant l’intervention très attendue de Donald Trump jeudi, ce sont la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang qui ont ouvert le bal ce mardi matin à Davos. Un choix symbolique qui en dit long sur les enjeux de ce sommet pour les deux puissances.
Car si les États-Unis restent le grand absent de ce début de Forum, c’est bien l’Europe et la Chine qui ont le plus à perdre ou à gagner d’un retour de Trump au pouvoir. La Chine pourrait ainsi figurer parmi les prochains pays visés par les taxes douanières punitives promises par le président américain. Quant à l’Europe, elle apparaît comme la plus inquiète face à une présidence Trump 2.0, et ce malgré les appels du pied de Pékin.
Un message d’unité européenne
Face à ces menaces, Ursula von der Leyen a tenu à Davos un discours d’unité et de fermeté. « Je viens ici pour forger de nouveaux partenariats », a-t-elle déclaré, appelant à « travailler ensemble pour éviter une course mondiale à celui qui sera le moins disant ». Un message clair adressé à Washington, mais qui pourrait se heurter aux divisions internes européennes, prévient un rapport du Conseil européen des relations internationales.
Les dirigeants européens pourraient avoir du mal à trouver une unité interne ou des alliés dans le monde s’ils essayent de mettre en place une résistance au nouveau président.
– Conseil européen des relations internationales (ECFR)
Quid de la position chinoise ?
Si la Chine semble pour l’instant ménager la chèvre et le chou, les désaccords restent nombreux entre Pékin et Washington. Le président chinois Xi Jinping a certes dit espérer un « bon départ » dans les relations sino-américaines après un entretien jugé positif avec Donald Trump. Mais selon des sources diplomatiques, Pékin se préparerait en coulisses à une éventuelle confrontation commerciale.
À Davos, le vice-Premier ministre Ding Xuexiang aura donc fort à faire pour rassurer des partenaires européens échaudés, tout en ménageant son allié russe. Car le conflit en Ukraine sera aussi au cœur des discussions, en présence notamment du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
L’Ukraine, l’autre dossier brûlant
Près de trois ans après le début de la guerre, l’avenir de l’Ukraine reste plus que jamais suspendu à l’issue de ce bras de fer géopolitique. Alors que le soutien de Washington apparaît vital pour Kiev, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump fait craindre un changement de cap américain.
Le président ukrainien, qui s’exprimera aussi à Davos ce mardi, a d’ailleurs appelé le nouveau locataire de la Maison-Blanche à œuvrer pour « une paix juste et durable ». Mais à quelles conditions ? Le gouvernement ukrainien redoute d’être forcé à des concessions majeures, au moment où Vladimir Poutine se dit lui aussi « ouvert au dialogue ».
Vers un « monde plus polarisé que jamais »
Dans ce contexte, difficile donc de prédire l’issue de ce 53e Forum économique mondial. Son président Borge Brende assure vouloir « construire un petit peu plus de confiance dans un monde qui est fragmenté et polarisé ». Mais il en faudra sans doute plus pour apaiser des relations internationales mises à rude épreuve.
Car au-delà de la guerre en Ukraine, ce sont bel et bien les grands équilibres mondiaux qui se jouent en coulisses à Davos. Entre une Europe fragilisée, une Chine en embuscade et une Amérique plus imprévisible que jamais, tous les ingrédients semblent réunis pour une nouvelle guerre froide. Sauf si un miracle diplomatique venait à se produire dans les sommets enneigés de Davos.