Les devises du Mexique et du Canada ont vécu un véritable séisme ce lundi, quelques heures seulement après l’investiture de Donald Trump comme 47e président des États-Unis. Lors de son premier discours à la Maison Blanche, le milliardaire républicain a réitéré sa volonté d’imposer des droits de douane de 25% sur les produits en provenance de ces deux pays voisins. Une annonce qui a fait l’effet d’une bombe sur les marchés.
Le peso mexicain et le dollar canadien dégringolent
Dans la foulée des propos musclés de Trump, le peso a perdu plus de 1% face au billet vert, tombant à 20,7243 pesos pour un dollar vers 02h55 GMT. Le « huard », surnom du dollar canadien, n’a pas été épargné non plus, lâchant 0,73% face au « greenback », l’un des surnoms de la devise américaine.
Le nouveau locataire de la Maison Blanche a justifié ces potentiels droits de douane par la nécessité de lutter contre l’immigration clandestine et le trafic de drogues. « Nous envisageons des droits de douane de l’ordre de 25% sur le Mexique et le Canada, parce qu’ils laissent un grand nombre de personnes entrer aux États-Unis, et beaucoup de fentanyl aussi », a-t-il déclaré. Des mesures qui pourraient entrer en vigueur dès le 1er février selon lui.
Un coup dur pour les exportations mexicaines et canadiennes
Si elles venaient à se concrétiser, ces surtaxes pénaliseraient fortement les exportations du Mexique et du Canada vers leur puissant voisin. Cela réduirait mécaniquement leurs rentrées de devises étrangères et minerait la valeur de leurs monnaies. Un scénario noir pour ces deux économies très dépendantes du marché américain.
Pourtant, ces menaces ne sont pas nouvelles. Durant sa campagne, Trump avait déjà brandi la menace de droits de douane de 25% si le Mexique et le Canada ne freinaient pas l’entrée de drogues et de migrants clandestins sur le sol américain. Mais en ciblant aussi directement ses voisins lors de son investiture, le président envoie un signal fort.
L’accord de libre-échange nord-américain remis en cause
Ironiquement, le Mexique et le Canada sont normalement protégés par un accord de libre-échange avec les États-Unis, obtenu lors du premier mandat de Trump. Un traité que le milliardaire avait alors vanté comme le « meilleur possible ». Mais ses dernières déclarations laissent penser que même cet accord ne sera pas un rempart suffisant face à ses velléités protectionnistes.
Au lieu de taxer nos citoyens pour enrichir d’autres pays, nous imposerons des droits de douane et des taxes aux pays étrangers pour enrichir nos citoyens.
Donald Trump lors de son discours d’investiture
Après avoir initialement reculé suite aux informations selon lesquelles Trump n’instaurerait pas immédiatement de nouveaux droits de douane, le dollar a finalement repris du terrain après ces annonces. Vers 02h55 GMT, il gagnait 0,24% face à l’euro, à 1,0388 dollar pour un euro, et prenait 0,28% face à la livre sterling, à 1,2292 dollar pour une livre.
Un nouveau cap protectionniste qui inquiète
Au-delà du Mexique et du Canada, c’est la politique commerciale globale des États-Unis sous l’ère Trump qui suscite les craintes. Dans son discours, le président a annoncé « la révision du système commercial américain, afin de protéger les familles et les travailleurs ».
Une rhétorique protectionniste assumée, qui rompt avec le libre-échangisme traditionnel prôné par Washington. Et qui pourrait ouvrir la voie à une guerre commerciale si d’autres pays venaient à répliquer, menaçant la croissance de l’économie mondiale.
Reste à voir maintenant si Trump mettra réellement ses menaces à exécution et quelles seront les réactions du Mexique et du Canada. Une chose est sûre : les prochains mois s’annoncent agités sur le front commercial. Et les devises risquent de continuer à en faire les frais.
