C’est désormais officiel : le sénateur républicain Marco Rubio prend les rênes de la diplomatie américaine. Confirmé lundi par un vote unanime du Sénat, une première pour un membre de l’administration Trump, il succède à Antony Blinken au poste de Secrétaire d’État. À 53 ans, ce fils d’immigrés cubains originaire de Floride s’apprête à donner corps à la vision diplomatique du 45ème président des États-Unis, de retour à la Maison Blanche.
Cap sur « l’Amérique d’abord »
Lors de son audition la semaine dernière devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, Marco Rubio a donné le ton. Fini le multilatéralisme et la priorité donnée à l’ordre international. Place au slogan trumpien « America First » : chaque décision devra rendre l’Amérique « plus sûre, plus forte et plus prospère », a-t-il martelé. Une vision qui pourrait bousculer bien des équilibres.
La Chine, « adversaire le plus dangereux »
Pékin est clairement dans le viseur. Pour Marco Rubio, la Chine représente « l’adversaire le plus puissant et dangereux » que les États-Unis aient jamais affronté. Le nouveau secrétaire d’État, qui parle couramment espagnol, entend bien mobiliser les alliés latino-américains de Washington face à l’influence grandissante de l’empire du Milieu. Tout en maintenant la pression sur les régimes communistes de Cuba et du Venezuela.
Soutien indéfectible à Israël
Autre axe fort : le soutien à Israël. Farouche opposant à l’accord sur le nucléaire iranien, Marco Rubio a promis de contrer les ambitions de Téhéran au Moyen-Orient. Et d’œuvrer au renforcement des liens entre Washington et l’État hébreu, quitte à bousculer le statu quo avec les Palestiniens. Une position saluée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
« Diplomatie audacieuse » en Ukraine
Quid de la guerre en Ukraine ? Là encore, pas question de faiblesse. Le chef de la diplomatie américaine appelle à une « diplomatie audacieuse » pour mettre fin au conflit. Comprendre : maintenir, voire accentuer le soutien militaire à Kiev. Tout en s’efforçant d’isoler Moscou sur la scène internationale.
Le défi de l’unité nationale
Pour mettre en œuvre cette politique étrangère musclée, Marco Rubio devra cependant surmonter un écueil de taille : les divisions de l’Amérique. Dans un pays profondément polarisé, comment rallier une opinion de plus en plus méfiante envers les engagements extérieurs ? Un défi de premier ordre pour ce pur produit du « rêve américain », jadis pressenti pour bousculer l’establishment républicain.
Mon grand-père n’a pas appris que l’Amérique était exceptionnelle en le lisant dans un livre, mais en le vivant et le voyant de ses propres yeux.
Marco Rubio, dans son livre Un fils américain (2012)
L’atout hispanique dans la manche de Trump ?
En nommant Marco Rubio, Donald Trump mise sur un atout de poids : sa capacité à toucher l’électorat hispanique, essentiel dans des swing states comme la Floride ou le Nevada. Un choix habile pour le milliardaire, soucieux de lisser son image après une campagne présidentielle émaillée de saillies anti-immigration. Reste à transformer l’essai sur la scène internationale.
Un parcours fulgurant
- 1971 : Naissance à Miami de parents immigrés cubains
- 1993 : Diplômé en droit de l’Université de Miami
- 2000 : Élu à la Chambre des représentants de Floride
- 2010 : Élu au Sénat des États-Unis
- 2016 : Candidat malheureux à la primaire républicaine
- 2021 : Confirmé Secrétaire d’État de l’administration Trump
D’après les premières sources diplomatiques, Marco Rubio devrait notamment s’entretenir ce mardi avec ses nouveaux homologues du Japon, de l’Inde et de l’Australie. L’occasion d’évoquer le dossier brûlant de Taïwan et la nécessité de muscler le « Quad », cette alliance informelle visant à contrebalancer l’influence chinoise dans la région indo-pacifique. Le ton est donné.
