C’est un virage diplomatique d’ampleur qui s’annonce à Washington. Ce lundi, jour de l’investiture de Donald Trump pour un second mandat, le sénateur républicain Marco Rubio a été confirmé à l’unanimité par le Sénat américain au poste de Secrétaire d’État. À 53 ans, ce fils d’immigrés cubains devient ainsi le premier membre hispanique et hispanophone à diriger la diplomatie de la première puissance mondiale.
Une nomination express pour éviter toute vacance du pouvoir
Dans un rare moment d’unité bipartisane, démocrates et républicains se sont accordés pour une confirmation rapide de Marco Rubio, et ce dès le premier jour de la nouvelle administration Trump. Le but : assurer une transition en douceur à la tête du département d’État, alors que l’incertitude règne sur la scène internationale. « Il est dans l’intérêt de l’Amérique de ne pas perdre de temps et de remplir ce rôle immédiatement », a déclaré la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.
La Chine désignée comme « l’adversaire le plus dangereux »
Lors de son audition de confirmation la semaine dernière, Marco Rubio a donné le ton de sa future diplomatie en affirmant que la Chine était « l’adversaire le plus puissant et le plus dangereux que les États-Unis aient eu à affronter » dans leur histoire. Une rhétorique musclée qui s’inscrit dans la droite ligne de l’approche trumpienne des relations sino-américaines.
« America First » : le nouveau mantra de la diplomatie US
Fidèle soutien de Donald Trump, Marco Rubio entend bien mettre en œuvre le slogan présidentiel « America First » dans la conduite de la politique étrangère. Chaque décision sera guidée par la volonté de rendre l’Amérique « plus sûre, plus forte et plus prospère », quitte à rompre avec le multilatéralisme prôné par l’administration Biden.
L’Amérique est de retour, nous sommes prêts à diriger le monde.
– Donald Trump, Discours d’investiture
Un parcours fulgurant pour ce fils d’immigrés cubains
Pour Marco Rubio, cette nomination couronne un parcours politique impressionnant. Élu pour la première fois en 1998, à seulement 27 ans, ce natif de Miami gravit rapidement les échelons jusqu’à accéder à la présidence de la Chambre des représentants de Floride en 2006. Élu sénateur en 2010, il se lance dans la course à l’investiture républicaine en 2016, avant de se rallier à Donald Trump dont il devient un allié précieux au Congrès.
Un soutien résolu à Israël et à Taïwan
Sur le plan diplomatique, Marco Rubio est connu pour son soutien indéfectible à Israël et son opposition farouche à l’Iran. Favorable à un rapprochement avec Taïwan, il plaide pour des livraisons directes d’équipements militaires américains à l’île, au risque de provoquer l’ire de Pékin. Fer de lance des faucons républicains, il devra cependant composer avec une conjoncture mondiale explosive, à commencer par la guerre en Ukraine où il appelle à une « diplomatie audacieuse » des États-Unis.
Une prise de fonction sur les chapeaux de roues
Pas le temps de souffler pour Marco Rubio. Pour son premier jour à la tête de la diplomatie américaine, il devrait s’entretenir avec ses homologues japonais, australien et indien, venus assister à l’investiture de Donald Trump. L’occasion de réaffirmer les ambitions indo-pacifiques des États-Unis face à une Chine de plus en plus assertive dans la région.
À n’en pas douter, le style Rubio tranchera avec la diplomatie feutrée de son prédécesseur Antony Blinken. Mais au-delà des postures, c’est bien la capacité de ce fils d’exilés cubains à imprimer sa marque sur la politique étrangère américaine qui sera scrutée dans les mois à venir. Avec en toile de fond, une question centrale : les États-Unis de Donald Trump et Marco Rubio parviendront-ils, comme ils le clament, à être à nouveau « respectés » sur la scène mondiale ?