C’est un projet de loi qui ne passe pas inaperçu. Lundi, le Sénat américain a adopté un texte controversé visant à lutter contre l’immigration clandestine. Cette adoption est intervenue seulement quelques heures après l’investiture du président Donald Trump, qui avait fait de ce combat son cheval de bataille lors de la campagne électorale. Le débat s’annonce passionné.
Un texte de loi qui divise
D’après une source proche du dossier, le texte adopté par la chambre haute, à majorité républicaine, requiert la détention par les forces de l’ordre fédérales des migrants en situation irrégulière soupçonnés de certains délits. Il a été voté par 64 voix contre 35, signe des divergences qu’il suscite au sein même de la classe politique.
Les partisans du texte invoquent le « bon sens » et « l’État de droit »
Pour les sénateurs républicains qui soutiennent le projet de loi, il était plus que temps d’agir. Selon les propos rapportés d’une sénatrice républicaine :
Il est temps de revenir au bon sens. Il est temps de revenir à l’État de droit.
Nous sommes une nation fière d’immigrations. Nous sommes aussi une nation de lois. Et le non-droit s’achève aujourd’hui.
Ce positionnement a d’ailleurs conduit plusieurs sénateurs démocrates à voter en faveur du texte, preuve s’il en fallait que les clivages traditionnels sur l’immigration sont en train d’évoluer.
Les opposants dénoncent un coût « faramineux » et le « chaos » à venir
Mais tous les démocrates ne l’entendent pas de cette oreille. Certains, à l’instar d’une sénatrice s’exprimant sur le réseau social X (anciennement Twitter), dénoncent le montant astronomique que représenterait l’application de cette loi :
C’est beaucoup d’argent à dépenser pour un projet de loi qui va entraîner le chaos.
– Une sénatrice démocrate sur X
Selon les estimations avancées par les détracteurs du texte, la facture pourrait en effet s’élever à 83 milliards de dollars sur les trois premières années. Un montant jugé déraisonnable au regard des conséquences redoutées.
Un parcours législatif qui n’est pas terminé
Si le Sénat a adopté le texte, c’est une version amendée d’un projet de loi initialement voté par la Chambre des représentants. Il va donc devoir retourner devant la chambre basse pour un vote définitif attendu dans les prochains jours.
Sauf surprise, son adoption ne devrait être qu’une formalité, ouvrant ainsi la voie à une promulgation rapide par le président Trump. Celui-ci ne s’en est d’ailleurs pas caché, promettant lundi dans son discours d’investiture de « renvoyer des millions et des millions d’étrangers criminels là d’où ils viennent ».
L’affaire Laken Riley comme déclencheur
Baptisé « Laken Riley Act », le projet de loi doit son nom à une étudiante de 22 ans tuée en février 2024 dans le sud-est du pays par un immigré vénézuélien en situation irrégulière. Ce dernier, José Antonio Ibarra, alors âgé de 26 ans, avait déjà été arrêté avant les faits pour un vol à l’étalage.
Depuis condamné à la perpétuité, le meurtrier a vu son affaire largement exploitée par Donald Trump et les républicains tout au long de la campagne électorale. Ceux-ci accusaient la politique aux frontières jugée laxiste de l’administration Biden d’être responsable de ce drame, exigeant au passage des « excuses » aux proches de la victime.
Vers une politique migratoire plus stricte ?
Au-delà de la tragédie humaine, cette affaire vient donc relancer le débat sur la gestion des flux migratoires aux États-Unis. Avec l’adoption de ce texte par le Sénat, c’est un virage significatif vers une politique nettement plus répressive qui semble s’amorcer.
Reste à savoir quelles en seront les conséquences concrètes, tant pour les migrants que pour les finances publiques du pays. Une chose est sûre : le sujet est loin d’être clos et continuera à faire couler beaucoup d’encre dans les mois à venir.
